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Pourquoi « Un avenir pour Roubaix » a gagné

Je dois avouer être un peu énervé par l’angle choisi par la presse locale pour la couverture de notre victoire aux Municipales de Roubaix. Il s’agirait donc avant tout des fruits de la division de la gauche locale (impeccable et implacable chronologie de @chob59 il faut l’avouer), éventuellement du contexte national, qui expliquerait que « Un avenir pour Roubaix » ait remporté la majorité des suffrages, à la stupéfaction générale.

Cette explication me semble un peu courte dans une ville qui avait voté à 68% pour François Hollande en 2012, et si l’interview de ce matin de Guillaume Delbar par Julien Gilman rééquilibre un peu les points de vue, il me semble qu’on n’a pas encore assez souligné que cette victoire est aussi le fruit d’une campagne réussie, sur plusieurs points en particulier.

Réunion à Albert Camus le 28 novembre 2013

Réunion à Albert Camus le 28 novembre 2013

  1. Tout d’abord, notre campagne a été une campagne de terrain, méthodique, laborieuse, peu visible par les médias (ce qui explique sans doute leur scepticisme sur nos chances jusqu’au soir du 2ème tour). Dès le mois de septembre, des réunions de proximité ont été organisées dans tous les quartiers de la ville ; nous sommes allés à la rencontre des roubaisiens. Ca a tranquillement développé la notoriété de Guillaume Delbar, ça a permis de former et souder une équipe, et surtout ça nous a aidé à sentir les vraies aspirations des roubaisiens. Ainsi, le thème du (mal)logement est vite apparu comme  majeur dans la campagne, ce que nous n’avions pas forcément identifié de prime abord.
  2.  Une campagne, c’est aussi une équipe. La presse a abondamment commenté les heurs et malheurs de celle de Pierre Dubois, marquée par les schismes, les excommunications, les dissensions, les défections, l’alliance des carpes et des lapins. Une bien mauvaise image de ce qu’aurait donné la gestion de la ville…A contrario, nous avons réussi à fédérer une vraie équipe. A-t-on entendu parler pendant toute la campagne d’une seule divergence de point de vue parmi les membres de l’équipe ? Et pourtant ce n’était pas gagné d’avance ; mais Guillaume Delbar a réussi à rassembler autour de lui toute la diversité de Roubaix, qu’elle vienne du monde sportif, économique, associatif, politique, et ce malgré une investiture UMP pas forcément vendeuse à première vue. Et cela tient en grande partie à la personnalité de Guillaume Delbar lui-même. Les électeurs ne s’y sont pas trompé.

    Une de Nord-Eclair le 28 janvier 2014

    Une de Nord-Eclair le 28 janvier 2014

  3. Une campagne, c’est aussi un projet, des propositions phares, et l’aptitude à saisir l’air du temps. Qui a vraiment critiqué sur le fond notre projet ? Personne, à part quelques anicroches idéologiques sur la baisse du taux de taxe d’habitation. Et quelles propositions constructives a-t-on vraiment entendu dans la campagne ? Les nôtres, que ce soit sur Bl@nchemaille (en une de Nord-Eclair), l’ilotage, la propreté ou le zéro déchets. Là aussi, nous avons réussi à structurer le débat autour de nos thèmes, et à ne pas en dévier. Les électeurs préfèrent toujours l’original à la copie.

  4. Ne le nions pas, il fallait aussi un peu de chance ; mais la chance se construit. Elle se construit quand une équipe est suffisamment solidaire pour envisager sereinement un 2ème tour sans fusion et se motive pour aller chercher en 5 jours une à une les voix nécessaires. Elle se construit en saisissant au vol les propositions polémiques du Maire sortant (sur le 2ème village rom par exemple) et en les transformant dans la journée en arguments de campagne.

    C’est donc bien un vrai vote d’adhésion et de volonté de changement que les roubaisiens ont exprimé dimanche dernier; nous avons maintenant 6 ans pour leur montrer qu’ils ont fait le bon choix.

Réponse à Jean-Marc Rivière, sur Facebook et les municipales

 

L'édition paru dans Nord Eclair ce matin

L’édition paru dans Nord Eclair ce matin

Pour être « un peu » mêlé à la campagne « réseaux sociaux » de Guillaume Delbar, l’édito de Jean-Marc Rivière de ce matin dans Nord-Eclair (lundi 17 mars) m’est un peu resté en travers de la gorge.

Il regrette en effet que l’utilisation par les candidats aux élections municipales des réseaux sociaux, et Facebook en particulier, ait été peu créative, principalement à base de photos de souvenirs de campagne, de dénonciation hâtive, et qu’ils n’aient pas été l’objet de débat sur le fond et d’initiatives plus originales.

Je crains que Jean-Marc Rivière n’ait une vision un peu étriquée de notre activité lors de cette campagne.

S’il déplore l’omniprésence des photos, il faut d’abord être bien conscient que c’est le carburant de base des réseaux sociaux. Pas de photo, pas de commentaires, pas de likes, pas de partage. Facebook n’est pas un forum d’échanges épistolaires.

Jean-Marc Rivière - photo de profil Twitter

Sur le côté album de souvenirs, il est bien réel; mais faut-il rappeler qu’une communauté Facebook s’adresse principalement aux gens qui partagent la même vue ou qui veulent au moins être informés ? Les tenir au courant du déroulement de la campagne ne me paraît pas illégitime, et en tout cas c’est beaucoup plus vivant qu’une suite de communiqués de presse. L’art du bon community manager sera de mettre de la substance à la nième photo de tractage, et pas de se contenter du « excellent accueil des roubaisiens » qui est presque devenu un truisme internet.

Sur le côté « dénonciation hâtive », elle est parfois réelle; mais, comme le dit l’adage, une bonne photo vaut parfois mieux qu’un long discours. Dénoncer l’état déplorable de parties communes d’immeubles LMH c’est bien; en mettre des photos – parfois à peine croyables d’abandon et de je m’en foutisme – c’est mieux !

Et puis surtout, au moins en ce qui concerne la page d’Un avenir pour Roubaix, nous avons l’impression d’avoir vraiment essayé de donner du contenu à la page:
. Nous avons tourné plusieurs vidéos qui abordaient des sujets de fonds (pas de pitoyables chorégraphies devant la Mairie sur un tube du moment), comme la fiscalité, les projets d’urbanisme de la Mairie, les rythmes scolaires.
. Nous avons relayé les vidéos tournées par d’autres (blog2roubaix…) avec notre tête de liste.
. Nous avons crée des sites spécifiques à certains sujets (encore les rythmes scolaires) que nous avons mis en avant sur Facebook.
. Nous avons relayé notre programme, nos documents de campagne, nos propositions spécifiques, nos communiqués de presse, et de manière générale fait le lien avec notre site internet www.roubaix2014.fr
. Nous avons publié des liens sur des articles de la presse locale et de la presse nationale quand ils nous paraissaient mettre en lumière des sujets de notre campagne, même quand ils étaient critiques vis à vis de nos propositions (comme celui sur notre proposition de Police Métropolitaine des Transports)
. Nous avons bien sûr annoncé tous nos événements publics, pour que tout le monde puisse y venir; et en avons souvent fait des compte-rendus.
. Nous avons posté des portraits et des interviews de tous les candidats de la liste.
. Nous avons repris des posts de blog de membres de l’équipe, de sympathisants ou de grands acteurs politiques locaux.

Nous n’avons pas l’impression d’avoir démérité, bien au contraire, et nous avons quand même l’impression que Jean-Marie Rivière n’a pas suivi assez attentivement notre page Facebook pour écrire son édito…

Nous l’invitons donc chaudement à « aimer » notre page pour qu’il puisse s’en rendre compte dans les jours de campagne restants 🙂 !

 

Pierre Dubois : une entrée en campagne révélatrice

Le premier document de campagne de Pierre Dubois a donc été distribué ce week-end par les équipes militantes du PS. C’est un feuillet A5, qui porte au recto une photo couleur du candidat, assez réussie à vrai dire, et est surprenamment vierge au verso. Les mauvaises langues diront qu’il a ainsi réussi à faire à la fois son bilan et son programme sur la même page…

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Je pense néanmoins que ce document est plus significatif qu’il n’y paraît. En bon adepte des théories de la communication, c’est un bel exemple de « Unique Selling Proposition » que nous livre ici Pierre Dubois. Kesako ? C’est la théorie qui dit qu’un message publicitaire (ou ici, de marketing politique), pour être efficace, ne peut et ne doit porter qu’une seule idée, la plus pertinente, celle qui marquera la cible. Pas trois ni deux, juste une, sinon le message perdra quasiment toute efficacité. Cette promesse « ne doit pas pouvoir être utilisée par la concurrence » et doit être « basée sur un élément réellement différenciateur ».

L’USP de Pierre Dubois est donc claire : sa promesse politique, c’est purement et simplement qu’il est le Maire de Roubaix – candidat du Parti Socialiste. Effectivement, cet élément est incontestable, ne peut être utilisée par ses concurrents, et est réellement différenciateur.

Le problème, c’est qu’on comprend bien que ce sera là son seul discours, son positionnement de campagne, la différence par laquelle il compte l’emporter : votez pour moi parce que je suis déjà maire socialiste. C’est donc une campagne de pure continuité, d’héritage, de pleine approbation de la politique menée et des actions qu’il a conduites dans la ville pour le formuler positivement; d’immobilisme et de manque de volonté politique si l’on veut voir le côté négatif.

Au delà de cette interprétation, on pourra aussi gloser sur l’absence totale de modalités de contact sur ce document, ni adresse, ni mail, ni site; comme si le contact entre les électeurs et le candidat apparaissait comme secondaire pour lui; ou comme une confirmation du syndrome de la tour d’ivoire qu’on reproche souvent à un maire en place et qui semble être le cas ici. Ne parlons même pas des réseaux sociaux, tant il paraît clair qu’ils sont à des années lumière des préoccupations de Pierre Dubois.

Je ne doute pas que les futurs documents du candidat Dubois porteront un slogan, des propositions; mais je pense néanmoins que cette entrée en matière dit beaucoup de choses sur sa campagne. Après tout le thème de la continuité n’est pas absurde dans une ville qui a massivement voté pour François Hollande aux dernières élections présidentielles. Reste à savoir si cela suffira pour des élections municipales dont les ressorts et les enjeux sont tout autres qu’une élection nationale.

Eviction de Renaud Tardy : Pierre Dubois tente le K.O d’entrée

Une famille décomposée

Une famille décomposée (photo Nord-Eclair)

Ils étaient redevenus BFF (best friends forever) il y a quelques mois. Après avoir émis quelques critiques sur la politique de Pierre Dubois, Renaud Tardy avait été démis de la plupart de ses délégations début 2013 (bel hommage au débat et à la démocratie interne entre nous soit dit), le message étant clair : si tu veux me chercher aux municipales, je ne me laisserai pas faire.

Renaud Tardy a encaissé le coup, engrangé des délégations supplémentaires au Conseil Général dont il était déjà par ailleurs Vice-Président, fait le compte de ses troupes (peut-être un peu maigres ?), de l’eau est passée sous les ponts, et finalement au mois de septembre dernier Pierre Dubois entonne l’air du Grand Pardon et redonne à Renaud Tardy la plupart des délégations dont il avait été privé quelques mois avant (on appréciera au passage la manière de gérer les délégations comme des hochets selon la loyauté de l’adjoint, la compétence et l’expérience étant visiblement des critères seconds); tandis que de son côte Tardy assure le Maire de sa loyauté aux futures municipales;  l’un et l’autre se félicitant comme il se doit de leurs qualités mutuelles et du fait que tout cela se fasse bien sûr pour le plus grand bonheur des Roubaisiens, qui n’en demandaient pas tant.

Hélas, 3 fois hélas, tout cela n’était donc que du vent, puisque parmi les adhérents PS qui ont fait acte de candidature, Pierre Dubois n’a pas retenu celle de son 1er adjoint, même à une place honorifique ou symbolique. On peut difficilement imaginer camouflet plus violent, ou message politique plus direct.  On peut aussi difficilement imaginer retournement de veste aussi complet, et non respect des engagements pris quelques mois auparavant plus manifeste. Pierre Dubois nous expliquera sûrement qu’il a longuement réfléchi avec lui-même, et qu’il lui est soudainement apparu que tout ce qu’il avait expliqué en septembre n’était donc que billevesées, et qu’en fait Renaud Tardy était un dangereux adversaire qu’il fallait neutraliser au plus vite.

update 16h05 : Pierre Dubois aurait indiqué à Nord Eclair qu’il a souhaité une liste dans laquelle il se sente « totalement en confiance »…Pauvre Maire qui avait donc rendu à son 1er adjoint l’intégralité de ses délégations, mais visiblement sans lui faire confiance. Comme il l’écrivait lui-même à Renaud Tardy, « Je veux être un maire qui continue à montrer sa capacité de rassembler ». Pas de problème, Pierre, c’est tout vu !

Renaud Tardy n'en croit pas ses yeux

Renaud Tardy n’en croit pas ses yeux (photo Blog Renaud Tardy)

Renaud Tardy ne s’y est pas trompé, et dénonce sur Twitter dans son fameux style impénétrable qu’ « il n’y a pas que les traducteurs qui trahissent » (oui, ce sont les traîtres surtout, sympa le prochain Conseil Municipal où les 2 seront côte à côte, en revanche on ne voit pas trop ce que l’allusion aux traducteurs vient faire ici, à moins que Pierre Dubois ait un passé linguistique inconnu. Et je connais le « traduttore, tradittore »).

mise à jour : Renaud Tardy publie dans l’après midi sur son blog la lettre de restitution des délégations que Pierre Dubois lui a envoyé en juin dernier sous le titre « Des Paroles et des Actes » : ambiance…http://www.renaudtardy.fr/?p=838

update 18h49 : Nord-Eclair relaie le même document et le présente comme « la lettre dans laquelle Pierre Dubois assurait à Renaud Tardy une place sur sa liste »

Cela dit, au delà de l’indignation de l’un et d’une entorse à la politique des bons sentiments de l’autre, que peut viser Pierre Dubois par un mouvement aussi net ? Le message est double, et d’une grande clarté : primo, non, Renaud Tardy n’est pas ou plus en position de nuire. Le Maire estime que les soutiens du 1er adjoint sont quantité négligeable, qu’il a une suffisamment grande maîtrise de l’appareil du parti socialiste d’une part (merci Mehdi Massrour!), et des rouages divers de la ville d’autre part, pour pouvoir non seulement se passer du réseau de RenaudTardy, mais aussi éventuellement jouer contre eux.

Secundo, autre message clair : gare à qui se mettra en travers de ma voie, ralliez vous à mon panache blanc, sinon pas de quartier.

Pourvu que je n'ai pas fait une bêtise...

Pourvu que je n’ai pas fait une bêtise… (photo Nord Eclair)

Pierre Dubois estime donc que le risque d’une liste socialiste dissidente, évoquée ponctuellement ci et là, est donc négligeable, à tel point que même additionnée au mécontentement de Renaud Tardy et de ses partisans, cela ne constituerait pas une menace.

Du côté de Renaud Tardy, les choses sont plus tranchées : il a été purement et simplement (et malproprement) viré de la liste. D’un point de vue local, il n’a donc plus rien à perdre puisque s’il ne fait rien, il ne sera plus rien en mars. Et son ancrage au Conseil Général pourrait être remis en cause s’il ne détient plus aucun mandat local.

La question est donc pour lui de savoir s’il a envie de montrer les muscles, et de menacer de monter une liste dissidente, voire de la monter. Il pourrait avoir quelques arguments : les déclarations du mois de septembre dernier, le respect du travail effectué, son implantation dans la ville, son positionnement politique légèrement décalé par rapport à celui du Maire qui pourrait élargir l’électorat potentiel. Et surtout, ce bon vieil ingrédient indispensable à toute bataille politique digne de ce nom : l’appétit de revanche, le goût de la vengeance, toutes ces bonnes choses qui se mangent froid au mois de mars.

Seul hic : s’il ne l’emporte pas, il se retrouvera banni vite fait et bien fait du PS, et donc adieux veaux vaches cochons couvées et retour au cabinet d’avocat. Ca fait réfléchir et mesurer ses chances réelles. Mais parfois la politique n’est pas affaire de mesure rationnelle, et quand bien même il pourrait être difficile de se maintenir au 2nd tour, ou de fusionner avec une autre liste, la Schadenfreude de contribuer à la perte de son ex-ami devenu ennemi juré pourrait être une puissante motivation…

La campagne roubaisienne démarre donc enfin, et avec elle se confirme ce vieil adage de la politique que nous a enseigné Voltaire :  » Mon Dieu, gardez moi de mes amis. Quant à mes ennemis, je m’en charge »…

Quelques liens, pour la bonne bouche :

http://www.nordeclair.fr/info-locale/roubaix-renaud-tardy-absent-surprise-de-la-liste-de-pierre-ia50b12891n312808

http://www.nordeclair.fr/info-locale/roubaix-renaud-tardy-s-efface-pour-cette-fois-mais-ia50b0n234554