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J+18 : une journée d’un adjoint débutant

C’est l’excellent post de Greg Wanlin qui m’a immédiatement donné l’idée de, moi aussi, vous raconter la journée d’un adjoint (débutant) pour vous faire comprendre un peu mieux de quoi il s’agissait vraiment. Il s’agit donc de la journée du vendredi 25 avril 2014.

9h : rendez-vous avec Sylvane Verdonck, ma collègue à l’emploi et à la formation, pour aller ensemble à LMCU pour le rendez-vous d’accueil / intégration des nouveaux élus. Je ne travaille donc pas aujourd’hui, j’ai pris une journée pour ce faire, j’utilise le dispositif de « crédit d’heures élu local », qui donne droit jusqu’à 140h d’absence dans le trimestre. Non payées bien évidemment. Il a aussi fallu que j’en négocie le principe en bonne intelligence avec mon employeur. Ça c’est bien passé. Ce n’est pas toujours le cas…Ce qui me rappelle cette excellente tribune des Arvernes parue dans le Monde, « il faut plus d’élus issus de l’entreprise ». Je souscris à 200% avec l’idée qu’il faut  » inciter la sphère politique à s’ouvrir plus aisément aux profils issus du privé et à utiliser l’expérience d’hommes et de femmes capables d’éclairer d’un autre jour la vie publique ». Mais ça promet d’être un vrai défi au quotidien. J’y suis prêt.

L'hôtel de communauté (image LMCU)

L’hôtel de communauté (image LMCU)

9h30 : arrivée à LMCU. Toujours impressionné (le serai-je encore longtemps ?) par l’obséquiosité avec laquelle les élus sont traités par les fonctionnaires territoriaux. Là, un « salon d’accueil élus » nous attend, dans lequel on nous recommande de nous « détendre » avant de procéder aux étapes administratives. Cela nous laisse perplexes, notre besoin de nous détendre à 9h30 n’est pas énorme, et l’épreuve qui nous attend pas si ardue. L’impression de ne pas du tout comprendre la logique de fonctionnement de ce qui m’entoure.

11h : Départ de LMCU. Il s’agissait donc de remplir un simple dossier administratif, de prendre réception d’une tablette, d’apprendre à l’utiliser (euh…) et de se voir remettre une carte de parking.

11h30 : retour en mairie, le courrier s’est accumulé depuis mon dernier passage avant-hier, il y a des réponses à envoyer, des créneaux de rendez-vous à trouver, des invitations à transmettre; toutes les obligations protocolaires mais aussi de lien et d’écoute qu’on attend d’un élu. Ce n’était pas naturellement ma tasse de thé, mais j’ai bien compris qu’il ne fallait pas négliger ce point. C’est aussi comme ça qu’on peut montrer la considération pour les demandes des habitants.

L'affiche du Festival de l'amitié et de la citoyenneté 2014

L’affiche du Festival de l’amitié et de la citoyenneté 2014

14h : Conférence de presse pour la présentation du Festival de l’Amitié et de la Citoyenneté. Je n’ai pas travaillé une minute sur la préparation de ce Festival, et pourtant aujourd’hui c’est moi qui doit porter cet événement devant la presse et les associations. C’est ça la continuité de l’institution. Et par respect pour le travail fourni par plus de 40 partenaires, je m’y suis collé à fond. Les services municipaux ont préparé un dossier que je maîtrise sur les éléments factuels du festival, j’essaie de faire passer un côté personnel et de le raccrocher aux axes politiques du mandat. J’espère avoir réussi. Je ne suis pourtant pas convaincu par tout dans ce Festival, mais ce n’était pas le lieu, ni le moment d’en parler. Le temps viendra assez vite de la préparation de l’édition 2015.

A l’issue de la conférence de presse, le verre de l’amitié. Je commence aussi à comprendre l’intérêt de ce genre de circonstances. Ce qui me semblait il y a peu une pure obligation sociale sans intérêt et une perte de temps m’apparaît de plus en plus comme une occasion en or d’être en contact direct avec les (nombreux) interlocuteurs de ma délégation, de faire connaissance, d’échanger des points de vue, de « sentir » leur réaction sur certains sujets ; bref de créer du lien et du dialogue. On évolue vite…

De 16h à 19 h : retour en mairie. Un mix des activités suivantes :

  • Traiter à la volée les urgences : un édito à valider, des autorisations de manifestations publiques à donner, des quantités d’impression à autoriser…C’est aussi ça gérer la « machine » administrative d’une mairie
  • Consulter sur des sujets à venir, notamment pour la préparation du prochain Conseil Municipal, où des nominations sont à prévoir. Et toujours en gardant de vue que, loin d’être des hochets à distribuer, les nominations sont aussi et surtout l’outil de réorientation de certaines politiques, d’un renouvellement, d’une ouverture à d’autres sphères et milieux. Je comprends que là aussi, le téléphone est un outil essentiel de la fonction d’élu. Mon répertoire grandit à vue d’oeil, et c’est loin d’être fini !
La médiathèque de Roubaix (photo Nord Eclair)

La médiathèque de Roubaix (photo Nord Eclair)

  • Etre sollicité à l’improviste, ou presque, sur des sujets du moment ; devoir se positionner, décider rapidement, modifier son organisation. Par exemple, devoir affiner un point de l’appel d’offre du chantier de la médiathèque dont le lancement est pourtant imminent (mais des économies sont à la clé, c’est aussi en faisant attention à toutes les dépenses qu’on se donnera les marges de manœuvre nécessaires).
  • Ou encore sur les événements des Trois Ponts ; en appui du formidable travail de proximité que fait Milouda Ala la maire de quartier avec tous les interlocuteurs, je me positionne sur le sujet des jeunes diplômés du quartier dont l’insertion est difficile. Ce n’est pas normal. Ceux qui ont fait l’effort de poursuivre leurs études supérieures jusqu’à leur terme, avec parfois des diplômes très valorisés, ne devraient pas avoir tant de problème à trouver leur chemin d’entrée dans le monde professionnel. Le sujet me choque et me passionne en même temps. J’ai déjà quelques pistes de ce qu’on pourrait faire sur le sujet…

Soutenir et promouvoir les projets culturels de la ville, être soucieux de la dépense publique, s’engager pour l’insertion des jeunes diplômés roubaisiens; finalement une journée assez représentative de ce que j’aimerais que soit le mandat…

 

Pierre Dubois doit-il démissionner du CESER ?

Pierre Dubois a diffusé hier son premier tract de campagne (mystérieusement privé de toute référence au Parti Socialiste), campagne dont on croit comprendre qu’elle aura pour slogan « Roubaix respectée ». On reviendra ultérieurement sur ce point.

Une « promesse » a retenu mon attention, largement mise en avant dans la présentation : « ce mandat de maire est et demeurera le seul que j’exercerai si vous m’accordez votre confiance ».

Tract Pierre Dubois 13 janvier 2014

Tract Pierre Dubois 13 janvier 2014

On comprend que Pierre Dubois  veut ainsi signifier aux électeurs qu’il consacrera tout son temps et toute son énergie à son seul mandat de maire. Louable intention.

Cette promesse me semble soit inadaptée, soit déjà battue en brèche par les faits.

Inapdatée, car comme l’a noté Grégory Wanlin sur twitter, cela signifierait-il qu’élu conseiller municipal, Pierre Dubois renoncerait à exercer le mandat de conseiller communautaire à LMCU, comme il en a la possibilité ? Ce serait assez inapproprié, car de nombreux dossiers concernant la ville se gèrent à LMCU, et d’ailleurs la position de faiblesse de Pierre Dubois qui n’en est même pas vice-président alors qu’il est maire de la 2ème plus grosse ville explique bien des difficultés actuelles de la ville. C’est, au pied de la lettre, pourtant le sens de son engagement.

Battue en brèche par les faits, car Pierre Dubois est d’ores et déjà titulaire d’un autre mandat, puisque depuis décembre dernier il est Conseiller au CESER (Conseil Econonomique, Social et Environnemental Régional), où il est membre de la commission C4 (Santé, cadre de vie et environnement), où il siège dans le collège 3 « Vie Collective ». Est-ce à dire que jusqu’à l’élection, il n’a pas à se consacrer 100% à sa ville, mais qu’après, promis juré, ce sera le cas ?

http://www.ceser.nordpasdecalais.fr/jcms/c_100675//dubois-pierre

Il me semblerait donc logique que Pierre Dubois annonce dès aujourd’hui sa démission du CESER s’il veut se mettre en conformité avec les engagements qu’il annonce lui-même…

Quant à l’argument selon lequel ce ne serait pas vraiment un mandat car c’est une nomination par le préfet et non une élection, il me semble d’une part contestable (tout mandat n’est pas forcément le fruit d’une élection, et Pierre Dubois y exerce bien un mandat en tant que représentant de la « Vie Collective »), et d’autre part contraire à l’esprit de l’engagement qui est de consacrer tout son temps à la ville de Roubaix et au mandat de maire. Ce n’est visiblement pas le cas quand on siège au CESER.

Si les mots ont un sens et les engagements une valeur, Pierre Dubois doit démissionner du CESER.

Gardarem lou IUT a Roubaix !

Stupeur le 29 septembre dernier, où Nord-Eclair nous informait que l’IUT de Roubaix envisageait de quitter la ville d’ici 2016 ( http://www.nordeclair.fr/info-locale/roubaix-peut-elle-se-permettre-de-perdre-l-iut-c-et-ses-1-ia50b0n282523)

Nous garderons l’IUT à Roubaix!

IUT C

Parce qu’arrivé en 1986, il a sonné l’heure de la destinée universitaire de la ville, depuis ponctuée de nombreux succès, et que son retrait sonnerait désagréablement comme le début d’un reflux que nous refusons d’envisager.

Parce que Roubaix est sincèrement attachée aux formations dispensées à l’IUT C, qui correspondent aussi à son tissu économique marqué par le commerce et les services (Techniques de Commercialisation, e-commerce, Gestion des Achats, et bien sûr le DUT Statistique et Informatique Décisionnelle).

IUT façade STID

Parce que dire que le bâtiment n’est pas adapté à l’enseignement actuel est une absurdité. De nombreux établissements d’enseignement supérieur de la métropole lilloise sont installés dans des bâtiments du début du siècle dernier; et SI l’entretien a été régulier et les investissements récurrents, ils peuvent être parfaitement adaptés à la pédagogie du 21ème siècle. Si la Mairie, propriétaire des locaux, n’a pas au fil des ans de procéder à cet entretien, elle doit aujourd’hui en assumer la charge.

IUT escaliers

On notera d’ailleurs, avec une ironie amère, que sur son site, l’IUT C vante ainsi son implantation :  “Le bâtiment principal, ancien hôtel des postes, se reconnaît de loin grâce à son clocher et son architecture gothique flamand 1930. Depuis sa réhabilitation, il conjugue parfaitement des caractères publics d’un lieu avec une organisation spatiale nouvelle marquée par une recherche de convivialité”. Conjugaison parfaite d’un côté d’un côté pour les étudiants qui veulent s’y inscrire, bâtiment inadapté quand il s’agit de discuter avec la Mairie. On appréciera ce fait.

IUT vue d'ensemble

Parce que, sans chauvinisme roubaisien aucun (ou si peu…), on oserait presque dire que c’est le plus bel IUT de France. Que l’ancienne poste centrale, magnifique bâtiment néo-gothique, s’est superbement glissée dans la peau d’un établissement d’enseignement supérieur et accueille généreusement étudiants, professeurs, et personnels administratifs. Parce que nous sommes convaincus que le patrimoine architectural de la ville n’est jamais mieux entretenu et préservé que quand il est vivant et vibrant d’une activité pleine. Parce que ce serait d’une tristesse sans nom d’imaginer l’IUT au milieu d’un parc d’entreprise morne à Marcq (Château Blanc..?) ou dans un bâtiment flambant neuf mais sans âme à Loos…

IUT classe 2000

Parce que priver le centre ville de 1300 étudiants serait un coup dur à des commerces et des services déjà durement touchés par les fermetures de ces derniers mois (Darty, Utility…), et alors qu’il se murmure que le concessionnaire Renault lui-même envisagerait de partir, la perspective du transfert de l’IUT serait insupportable.

Parce que l’IUT est situé dans un bâtiment emblématique de la ville et peut-être un des plus visibles, sa transformation en friche éducative ternirait profondément l’image de la ville.

Parce qu’envisager le transfert d’un établissement de l’ampleur de l’IUT C à Marcq-en-Baroeul ou, encore pire, à Lille, serait le signe de la poursuite de la politique de recentralisation de la métropole lilloise. Après les nouvelles technologies et la santé, ce serait maintenant au tour de l’enseignement supérieur de céder aux forces centripètes lilloises ? Il faut s’y opposer.

IUT classe 1995

Parce que, sans céder à une paranoïa ou à la théorie du complot, il nous est venu à l’idée que l’Université de Lille2 pourrait mettre à profit la période des élections municipales à venir pour faire monter les enchères et monnayer le plus cher possible son maintien à Roubaix. S’il faut créer un rapport de force, gageons que les roubaisiens sauront eux aussi le faire.

IUT gardarem

La réaction du directeur de l’IUT : http://www.nordeclair.fr/info-locale/depart-de-l-iut-c-du-centre-ville-de-roubaix-le-ia50b0n285320

Le site de l’IUT C de Roubaix : http://iut.univ-lille2.fr/fr/l-iut-a-roubaix.html

Pour un peu de contexte sur le titre vintage 70s : http://fr.wikipedia.org/wiki/Lutte_du_Larzac