Archives mensuelles : mars 2015

Affiches du Ch’ti : de la responsabilité sociale des étudiants…

Comme je l’avais annoncé ce week-end, j’ai reçu dès ce matin Julie Orsini, la présidente de l’Association Le Ch’ti, pour débriefer avec elle de la regrettable affaire des panneaux électoraux de la Grand Place de Roubaix, recouverts jeudi soir par des affiches annonçant la sortie du Ch’ti.

avec Julie Orsini, la présidente de l'Association Le Ch'ti

avec Julie Orsini, la présidente de l’Association Le Ch’ti

Je lui ai bien évidemment rappelé l’importance de respecter ces espaces d’expression politique, qui plus est en plein cœur d’une campagne électorale. Je lui ai surtout dit que beaucoup de roubaisiens m’avaient fait part de leur incompréhension devant ce geste, n’arrivant pas à comprendre comment des étudiants de l’Edhec avait pu ne pas se rendre compte de la gravité de leur geste.

Julie Orsini m’a assuré d’une part que, dès le lendemain vendredi, les affiches en question avaient été décollées, et que les étudiants avaient proposé leur service aux candidats pour recoller les affiches qu’ils avaient recouvertes. Et effectivement, ce lundi matin les affiches du Ch’ti avaient bien disparu (et de nouvelles affiches politiques ont été recollées depuis).

Les panneaux électoraux en question le lundi 16 matin.

Les panneaux électoraux en question le lundi 16 matin.

Sur le fond, elle a bien volontiers reconnu que c’était une erreur flagrante, une vraie bêtise de la part des étudiants qui n’avaient pas respecté les consignes qui avaient été données.

Pour ma part, je lui ai fait remarquer que le dynamisme de l’association, le professionnalisme de son action et l’action caritative qu’elle soutenait (l’an dernier, le Ch’ti a pu faire un don de plus de 20 000 euros au Secours Populaire) n’excusaient pas tout, et que le moins qu’on pouvait attendre des étudiants du Ch’ti, c’est qu’ils aient suffisamment d’instruction civique pour se rendre compte de l’importance du respect des panneaux électoraux. Il en va de la responsabilité sociale des étudiants d’une ville; et parmi les 10000 étudiants que compte Roubaix, ceux de l’Edhec comme des autres établissements se doivent d’en être conscients et d’agir en conséquence.

Pour ma part, je resterai vigilant sur ce sujet, mais étant la rapidité de la réaction et la réelle prise de conscience de l’association Ch’ti, je considère que l’affaire est close.

 

De quoi Gradur est-il le nom ?

La sortie la semaine dernière du 1er album de « L’homme au bob », judicieusement appelé du même nom, a fait grand bruit, à tel point que le rappeur de Roubaix / Hem s’est retrouvé tout bonnement en tête des ventes de la semaine. Qu’est-ce que cela nous dit ?

l-homme-au-bob

Tout d’abord, pour ceux qui en doutaient, que les cultures urbaines n’ont rien de marginal, d’expérimental ou de réservé à une frange spéciale du public. Non, les cultures urbaines en 2015 c’est tout bonnement la culture; et on peut même dire que c’est la culture de masse. On notera avec une certaine jubilation d’ailleurs les 5 premières ventes d’album de la semaine : Gradur, Christine and the Queens, 50 shades of Grey, Kendji, Scorpions, Soit un homme au bob, une digne représentante de la variété française intello,  la BO d’un film ultra commercial, l’album d’une star de la télé, et un groupe de hard rock des années 80. Bel éclectisme que celui des français cette semaine…

Gradur est-il pour autant synonyme de qualité, de contenu culturel dense, d’innovation artistique ? On peut en douter, mais finalement mon avis importe peu. En tant qu’adjoint à la culture, mon rôle n’est pas d’être l’arbitre des élégances et de prononcer des jugements artistiques, mais de mettre en place une politique culturelle qui serve la ville et ses habitants. Et dans la politique culturelle que nous mettons en place, il y a une place toute  particulière pour les cultures urbaines, je me suis récemment exprimé sur le sujet en rappelant que Roubaix voulait et pouvait être une « capitale des cultures urbaines ».

Enfin, Gradur c’est aussi le nom de celui qui réussit. Qu’on le veuille ou non, quoi qu’on en pense, c’est un exemple de réussite. C’est la preuve qu’on peut venir de Roubaix, tourner ses vidéos à Schweitzer, ET avoir 10 millions de vues sur Youtube et être numéro 1 des ventes à sa sortie. C’est un exemple non pas artistique – chacun sa voie, chacun sa voix – , mais un exemple qu’on peut y arriver, qu’il peut y avoir une place pour chacun même venant de Roubaix. Si un seul roubaisien se dit « moi aussi je veux faire comme Gradur, me lancer, tenter ma chance car je crois à mon talent et je veux en faire mon métier », son impact aura été positif. Là aussi mon rôle est de susciter ces talents, de les faire émerger, d’aider à les structurer et à les accompagner par les équipements culturels et les associations de la ville. Je crois que la ville n’a pas à rougir de son bilan, et j’espère bien l’améliorer encore.

 

Festival « Les petits pas » : les CM2 de Michelet disent « Merci »…

C’était il y a 10 jours, pour le dernier jour du festival « Les petits pas », le festival de danse contemporaine pour le jeune public qu’organise depuis 10 ans maintenant le Gymnase.

photo Magali Chojnicki Mattana

photo Magali Chojnicki Mattana

Le spectacle « Frontières » était une des plus belles propositions de ce festival, et présentait le résultat de la collaboration d’une classe de CM2 de Roubaix, à l’Ecole Michelet, avec le chorégraphe belge Pol Coussement, qui menait aussi un travail en parallèle avec des élèves belges à Courtrai. La pièce était superbe et rendait fier du travail accompli en si peu de temps.

C’était déjà beaucoup; mais après les applaudissements, le jeune Oussama s’est levé, a pris son courage a 2 mains et a lu le texte suivant au public nombreux du Gymnase :

photo Magali Chojnicki Mattana

Standing ovation… photo Magali Chojnicki Mattana

 » Merci ! 

On voulait tous vous remercier d’être là aujourd’hui, d’être présents pour notre projet. On remercie tout le monde. Mais on voudrait remercier plus particulièrement Pol [NDA : Coussement, le chorégraphe] et Passerelle [NDA : le programme transfrontalier dans lequel s’inscrivait ce spectacle]. 

Ce n’est pas notre maîtresse qui nous a dit de t’écrire, on en avait envie, elle nous a aidés à trouver des mots pour nos sensations et nos émotions. On a tous écrit un mot pour toi et ensemble on les a réunis et ça donne cette petite lettre que je te lis de la part de nous tous.

Pol,

Merci d’être venu jusqu’en France à Roubaix pour le projet, pour nous, pour notre classe. Le projet Frontières c’est pour nous plus qu’un projet de danse. C’est notre projet.

Au début, on était plusieurs et moi aussi à dire que la danse c’était nul, et on dit bien c’était car maintenant on a changé. La danse maintenant c’est super. C’est difficile mais c’est super.

Oui, on a changé d’avis car pendant ces 2 mois, on a franchi pleins de frontières et la première c’est celle des a priori. On avait pleins d’avis sur tout et sur tout le monde et on a découvert qu’on se trompait.

Dans la classe, on est devenu soudé, une équipe, avec ce projet on avait besoin d’être ensemble et maintenant on a tous compris ce que ça veut dire d’être ensemble. On a aussi franchi des frontières terrestres, on est venu en Belgique, on s’est émerveillé des différences, et maintenant on est plus tolérant et d’ailleurs on a appris ce mot.

On a découvert le monde de la danse grâce aux spectacles qu’on a vus et on sait avoir un avis un peu…sur ce que l’on voit.  

On a franchi donc des nombreuses frontières: l’amitié, oser, danser, s’exprimer, essayer, se tromper mais on a franchi avec toi et notre maîtresse des frontières de courage et d’émotions !!!! 

On est sorti de notre carapace et on s’est dévoilé, ce spectacle c’est nous beaucoup de nous, un peu de toi, un peu de la maîtresse mais c’est NOUS. Pendant ce projet on nous a donné de l’importance. 

Aujourd’hui, le projet s’arrête, on ne te verra plus tous les mardis mais en réalité pour nous tout commence, une nouvelle vie car on a grandi.

Dans notre cœur et notre tête le projet a trouvé sa place, une place à tout jamais.

Pol, tu l’auras compris tu vas nous manquer mais on sait qu’on va se revoir car le projet avec les correspondants n’est pas terminé.  

Et on espère peut-être pouvoir à nouveau montrer notre projet à toute l’école ……et à ceux qui n’ont pas pu venir aujourd’hui !  

Les élèves de CM2 de Magalie Chojnicki-Mattana; Aïcha, Amine, Oussama, Sofiane, Zahra, Halya, Elias, Doniazed, Maxime, Walid, David, Mongia, Marco, Lina, Hajar, Karima, Abdellah, Elias, Chahine, Nasrine, Halim, Yasmine, Camélia, Donovan. ».

Autant vous dire qu’à la suite de cette lecture les gorges étaient serrées et les yeux humides, sur scène comme dans la salle, et aussi pour la « maîtresse » Magali Mattana :)!

après le spectacle...

après le spectacle…

Je recommande donc vivement à ceux qui considèrent qu’on dépense trop pour la culture à Roubaix et au Gymnase ou en danse contemporaine en particulier de se remémorer ces mots  des élèves… : « pendant ces 2 mois, on a franchi pleins de frontières et la première c’est celle des a priori »; ou encore « Pendant ce projet on nous a donné de l’importance »; ou bien encore « avec ce projet on avait besoin d’être ensemble et maintenant on a tous compris ce que ça veut dire d’être ensemble »

Je n’ai pour ma part pas trouvé meilleure expression de la nécessité d’avoir une politique culturelle dans notre ville, ni meilleure motivation pour continuer à la développer…