Archives mensuelles : novembre 2014

Radat Laamari, fou de photographie

L’Espace Ville Patrimoine de la Ville de Roubaix accueille depuis hier, vendredi 28 novembre, l’exposition « Visions nocturnes » du photographe Radat Laamari, organisée par le B.A.R.

C’est avec grand plaisir que j’ai inauguré cette exposition au nom de la ville et du Maire, voici les quelques mots que j’ai prononcés à cette occasion, teintés de l’émotion de connaître personnellement l’artiste : 

La Gare de Roubaix

La Gare de Roubaix

Radat , chien fou, fou de photographie, fou de sa ville.

Radat, observateur attentif et avisé, capable d’attendre des heures pour prendre le bon cliché.

Radat, habitué des heures du petit matin, par manque de sommeil, par envie de rester debout, par besoin d’aller travailler.

Il fallait bien qu’un jour tout cela se téléscope.

Il ne savait pas que c’était impossible de devenir photographe quand on déballe des produits sur les marchés, alors il l’a fait.

Oui, on peut être père de famille, avoir 3 enfants, et tout faire pour vivre de sa passion. Louer un studio photo, faire feu de tout bois, pour qu’un jour, si possible vite, l’étincelle prenne.

Aujourd’hui, l’étincelle nous donne déjà à voir cette magnifique exposition, “Visions nocturnes”.

Le restaurant du Parc Barbieux

Le restaurant du Parc Barbieux

 

A quoi sert un dîner officiel ?

Cette semaine, Roubaix accueillait le Séminaire annuel des Archives Nationales, pendant 3 jours. A l’initiative du directeur des Archives Nationales du Monde du Travail, la fine fleur des archivistes français se sont réunis dans notre ville, pour réfléchir notamment à la place de la photographie dans les archives, et autres thèmes d’actualité.

Le fronton des Archives Nationales

Le fronton des Archives Nationales

Le mercredi soir, un dîner officiel était organisé à la Mairie, j’ai eu l’honneur de représenter la ville en l’absence du Maire, et en compagnie de Véronique Lenglet, la conseillère déléguée au Patrimoine.

L’occasion peut-être d’expliquer que ces dîners officiels, sous une apparence un peu désuète, ont une vraie utilité et sont indispensables au rayonnement de la ville.

Les archivistes dans le Hall d'Honneur de l'Hôtel de Ville de Roubaix (photo Maxime Sabine)

Les archivistes dans le Hall d’Honneur de l’Hôtel de Ville de Roubaix (photo Maxime Sabine)

Tout d’abord, c’est bien la moindre des choses que de recevoir à l’hôtel de ville, qui est la maison de tous les roubaisiens, ces congressistes venus de toute la France et qui ont choisi Roubaix pour se réunir – pour la 1ère fois depuis 1993, l’ouverture des Archives Nationales du Monde du Travail (je précise que le dîner faisait partie de l’organisation du séminaire et n’a pas été pris en charge par la ville). Certes, Roubaix ne peut pas rivaliser avec Lille en termes d’accueil de congrès, nos infrastructures ne sont pas suffisantes; mais ce séminaire a quand même conduit 160 personnes à loger à Roubaix, manger, visiter et découvrir la ville.

D’autre part, c’est aussi la tradition républicaine que ces archivistes, qui sont une des départements du ministère de la culture, soient reçus par la ville. C’est l’Etat en quelque sorte qui venait à Roubaix…

Le nouveau bâtiment des Archives Nationales à Pierrefitte (photo Archiguide)

Le nouveau bâtiment des Archives Nationales à Pierrefitte (photo Archiguide)

Mais aussi – et surtout ? – , ce sont des moments privilégiés pour découvrir des interlocuteurs de haut niveau, échanger avec eux, et ainsi faire valoir la cause de la ville. Ainsi, le Préfet à l’Egalité des Chances, Kléber Ahroul, a pu se familiariser avec certaines des problématiques de la ville en échangeant avec ses acteurs. Ainsi, j’ai pu souligner à quel point Roubaix était attachée à la présence des Archives du Monde du Travail et à leur nouveau souci de participer à la vie culturelle de la ville, et c’est avec grand plaisir que j’ai entendu Hervé Lemoine, le directeur des Archives de France, annoncer que le Ministère débloquerait les fonds nécessaires dans les années qui viennent à la rénovation et au réaménagement du bâtiment. Ainsi, Esther de Climmer, qui chapeaute les archives à la Mairie, a pu mettre en avant les points forts de la ville dans différents sujets; c’est souvent dans ce genre de circonstances que des projets naissent, des contacts utiles sont noués.

Merci donc aux archivistes d’être venus, nous espérons les revoir dans moins de 20 ans !

L’IUT C s’implante au Campus Gare : une victoire pour Roubaix !

IUT vue d'ensembleRappelons-nous il y a un an, la presse nous avait appris que l’IUT C envisageait de quitter Roubaix après 25 ans de présence, nous étions tous un peu sonnés, j’en avais même fait un de mes premiers articles sur ce blog, tellement le sujet me tenait à coeur et que la perspective de voir les 1400 étudiants de l’IUT quitter la ville me semblait ahurissante. Cruel, l’article de Nord Eclair précisait que la possibilité de déménager sur le Campus Gare à Roubaix n’était qu’une des possibilités envisagées, et qu’elle n’était absolument pas privilégiée par rapport à d’autres.

6 mois plus tard, par un de ces clins d’oeil facétieux dont le destin n’est pas avare – et surtout par le vote des roubaisiens-, je me suis retrouvé élu de la ville de Roubaix, en charge du dossier de l’Enseignement supérieur; et j’ai déjà expliqué et combien ce dossier me semblait prioritaire pour la ville, et quelles actions nous comptions mener pour convaincre l’IUT de rester sur « ses terres »

photo Nord Eclair

La semaine dernière, nous avons donc eu la confirmation officielle par le vote du Conseil d’Administration de l’Université de Lille2 que l’implantation future de l’IUT serait bien sur Roubaix, et que le dossier du Campus Gare avait recueilli la quasi unanimité des voix tant du Conseil de l’IUT que de Lille2. Qu’il me soit d’ailleurs permis de remercier Lille2 et l’IUT pour cette belle décision, qui montre qu’ils ont su aller au delà du mouvement d’humeur pour juger sur le fond et objectivement de la qualité du dossier présenté par la ville.

Et quelle belle victoire collective pour Roubaix ! Je dois avouer que cette décision m’a fait chaud au coeur, d’abord bien sûr pour la ville, qui voit ainsi confirmée sa vocation étudiante, et son attractivité auprès des établissements d’enseignement supérieur de la métropole. Chaud au coeur pour ces nouvelles générations d’étudiants qui viendront à Roubaix, découvriront la ville, en partageront avec nous, ses habitants, quelques unes de leurs plus belles années, et nous ferons bénéficier de leur entrain et de leur dynamisme. Chaud au coeur de voir renforcé un des plus ambitieux projets d’urbanisme de la ville pour les années à venir, celui de la rénovation profonde d’un quartier, celui de la Gare. Et, modestement, une réelle satisfaction personnelle de voir ce dossier qui m’était cher aboutir positivement, en un temps ma foi assez court.

Avant d'être l'IUT, le bâtiment était l'hôtel des postes, ouvert en 1928... (photo Nord Eclair)

Avant d’être l’IUT, le bâtiment était l’hôtel des postes, ouvert en 1928… (photo Nord Eclair)

Je voudrais aussi souligner l’implication dans ce dossier de Pierre Pick, Conseiller Municipal à la vie étudiante, qui en tant qu’ancien étudiant de l’IUT C lui-même a su trouver les mots pour parler aux différents acteurs du dossier, et a su montrer à cette occasion qu’il serait un contact précieux avec le monde étudiant.

Soyons honnêtes aussi, le travail de l’équipe municipale précédente ne doit pas être nié ni oublié; car nous avons hérité d’un projet Campus Gare largement ficelé, sans lequel il aurait été bien difficile de convaincre l’IUT de rester; merci donc à Arnaud Verspieren en particulier qui était en charge de l’Enseignement Supérieur lors du mandat précédent. Enfin, les services de la ville ont été en pointe sur ce dossier, en particulier Bertrand Sauvage, le directeur de l’Economie, qui chapeaute aussi l’Enseignement Supérieur, ainsi qu’Anouk Teneul la DGA Rayonnement Economie et Culture

Alors oui, c’est une vraie victoire pour Roubaix que cette décision, car il était important de continuer la dynamique étudiante de la ville, il était important de renforcer ce campus gare et tout ce qu’il va pouvoir apporter à la ville dans les années qui viennent, et il était important de montrer que Roubaix était, demeure et sera de plus en plus une ville attractive, malgré les préjugés et les difficultés.

C’est ainsi qu’on aime Roubaix qui gagne, quand tous les roubaisiens s’unissent autour d’une cause, quand ils mettent en avant les atouts de leur ville, quand ils arrivent finalement à emporter la décision; c’est pour des moments comme ça que Roubaix vaut bien qu’on se batte pour elle…

Camille Claudel, ou le miracle de La Piscine à Roubaix…

C’était vendredi le vernissage, la zone d’exposition temporaire était pleine à craquer, le Grand Bassin noir de monde pour les discours, bref, un vernissage des grands jours qui augurait un démarrage sur les chapeaux de roue pour l’exposition « Camille Claudel, au miroir d’un art nouveau », à l’occasion des 150 ans de la naissance de l’artiste. Les premiers jours semblent confirmer cet engouement, avec paraît-il plus de 5000 visiteurs à dimanche soir. Un succès extraordinaire en perspective pour cette magnifique exposition, et aussi l’occasion de se demander par quel miracle notre « musée municipal de Roubaix » qu’est la Piscine arrive à organiser un tel événément ? Ce « miracle » tient en peu de choses, mais elles sont très précieuses.


Camille Claudel à l’honneur à la Piscine de… par 20Minutes

Tout d’abord, le charme fou de la Piscine, du bâtiment merveilleusement rénové, de l’atmosphère totalement atypique qui s’en dégage, et qui fait que tant de personnes qui ne visitent guère ou apprécient peu les musées en général deviennent des fans de la Piscine. Ce charme compte aussi pour les organisateurs d’exposition, pour les musées préteurs, qui savent que leurs œuvres seront magnifiquement mises en avant, et qu’il y aura du monde pour les voir.

La Petite Châtelaine, Camille Claudel (photo Musée La Piscine)

La Petite Châtelaine, Camille Claudel (photo Musée La Piscine)

Deuxième ingrédient du « miracle » : l’équipe du Musée, et en premier chef son conservateur Bruno Gaudichon. C’est une équipe de vrais passionnés, qui font feu de tout bois pour réussir à organiser des expositions remarquables, pour attirer l’attention sur le musée, mais avant tout sur la base d’un travail muséal rigoureux, indispensable, et souvent en pointe sur les sujets abordés. Bruno Gaudichon est un des grands spécialistes français de Camille Claudel dont il côtoie l’œuvre depuis des dizaines d’années, l’exposition que nous avons la chance de voir aujourd’hui est le fruit de plusieurs années d’un travail de préparation inlassable et méticuleux. On n’imagine pas que, derrière les vitrines, il y a eu des longues négociations avec d’innombrables musées, institutions ou collectionneurs privés pour arriver à obtenir le prêt des œuvres sans lesquelles aucune exposition n’aurait pu avoir lieu, un relationnel qui se tisse au fil des ans, et qui fait qu’aujourd’hui les demandes du musée sont examinées avec une réelle bienveillance. Bref il y a à La Piscine une équipe hors pair, que je voudrais personnellement féliciter pour le travail accompli, en particulier pour cette exposition.

 

Enfin, j’oserais dire que le troisième ingrédient est le côté « roubaisien » du musée, qui lui donne ce caractère particulier, à nul autre semblable. Un mélange de culot, de solidarité, et un solide réseau autour de lui. Le culot d’avoir eu l’idée d’organiser cette expo alors que le Musée Rodin est en rénovation, et le futur musée Camille Claudel de Nogent en cours d’aménagement – on a le droit d’avoir le sens du timing. La solidarité, car c’est bien grâce à elle que d’une part le Musée a pu acquérir dans les années 90 ce qui est maintenant sa pièce maîtresse, la Petite Châtelaine  de Camille Claudel bien sûr, qui est aussi la  base sur laquelle l’exposition a pu être construite. En effet, c’est en grande partie par une souscription publique que le musée de Roubaix, avant même son ouverture, a pu acheter l’œuvre en question, souscription à laquelle les roubaisiens – et d’autres avaient répondu en masse. La solidarité, c’est aussi – rappellons-le – le fait que les postes du musée, en particulier les gardiens, sont des postes d’employés municipaux, souvent issus d’un parcours d’insertion; et ne sont pas externalisés à une société de service comme c’est souvent le cas. Quant au solide réseau autour du musée, quelle meilleure preuve que cette société des Amis du Musée, qui avec plus de 3000 membres est sans doute, soyons modestes, la plus importante au moins au Nord de  Paris sinon en province.
Ces amis, cette solidarité et ce sens du coulot, ça fait assurément partie de ce qui fait qu’on a envie de parler autour de soi de ce musée, de cette exposition, qu’on s’y sent bien, qu’on aime le faire découvrir aux autres…

Grâce à Camille Claudel, la Piscine va donc vivre 3 mois de folie, le miracle va assurément en nouvelle fois avoir lieu !

Zombies : toutes les cultures sont les bienvenues à Roubaix…

Zombie Walk Lille 2013, photo page Facebook Zombie Walk Lille

Zombie Walk Lille 2013, photo page Facebook Zombie Walk Lille

Cachez ce zombie que je ne saurais voir…

C’est peu dire que l’interdiction par la ville de Lille du « Zombie Walk »  initialement prévu ce week-end à Lille m’a vraiment surpris. J’avais d’abord bien du mal à imaginer les débordements éventuels qui auraient pu avoir lieu dans un rassemblement qui est de manière évidente bon enfant, familial et participatif. J’ai été d’ailleurs assez étonné de la désinvolture avec lesquels sont traités les 5000 participants, excusez du peu, qui devaient initialement en faire partie. Mais ce qui est encore plus étonnant, c’est la raison invoquée pour cette interdiction, la « mauvaise image » qu’ils donneraient de la ville. On croit franchement halluciner. Qui pourrait croire un seul instant que quelqu’un irait penser « Non, je n’irai pas en week-end à Lille, j’ai vu qu’ils avaient fait un Zombie Walk »…? Je me suis même demandé à un moment si on n’allait pas interdire aux enfants lillois de se déguiser en sorcières et sorciers et de sonner aux portes pour demander des bonbons pour Halloween !

Un jeune zombie (photo Voix du Nord)

Un jeune zombie (photo Voix du Nord)

Un décalage sociétal et générationnel

Derrière ce ram-dam médiatique, de quoi s’agit-il en fait ? Tout simplement et très clairement d’un décalage sociétal et générationnel des responsables politiques, qui apparaît sous ces 2 interdictions. La « culture zombie », qu’on le veuille ou non, est un fait réel et massif. Les films de zombie sont légion et font recette. La série Walking Dead, sous forme de comics et en série TV, bat record sur record. C’est bien évidemment une sous-composante de ce qu’on pourrait appeler une « culture geek », à base de science fiction, de jeux vidéos, de Star Wars, de bien d’autres choses encore, le tout agrémenté de mauvais goût et d’humour potache. Sur cette base de culture partagée par les ados, les jeunes adultes, les trentenaires et les quadras, un zombie walk n’est finalement qu’un rassemblement convivial et festif, où l’on exprime ensemble sa passion pour un univers alternatif, transgressif et finalement bien sage, sans doute bien plus qu’une Fête de la Musique ou qu’une nuit de Braderie…

A Roubaix, toutes les cultures sont les bienvenues

Mais encore faut-il pour cela partager ces codes, considérer que la culture geek existe , et ne pas s’intéresser qu’à une prétendue « vraie culture », celle qu’on peut mettre en exposition au Tri Postal ou dans une création de l’Opéra de Lille.

Zombie Walk Paris 2013 (photo dvelec.com)

Zombie Walk Paris 2013 (photo dvelec.com)

Alors je le dis haut et fort : à Roubaix, toutes les cultures sont les bienvenues, même la culture zombie ! Depuis plus de 20 ans, Roubaix s’attache certes à accueillir et soutenir des propositions culturelles d’excellence, mais aussi et surtout (c’est bien ce qui fait la spécificité du projet culturel roubaisien) à veiller à ce que les acteurs culturels de la ville « parlent » aux roubaisiens, par le biais d’ateliers, de visites, de projets participatifs, d’actions culturelles, de festivals des habitants, et bien d’autres initiatives encore.

Pour ce faire, tout ce qui « fait culture » pour les roubaisiens fait culture pour la ville aussi. La « culture zombie » et par extension la « culture geek » sont bien évidemment des objets culturels tout à fait dignes d’être considérés. Est-elle de mauvais goût, outrancière, agressive, politiquement incorrecte..? Oui, bien évidemment, et je dirais presque tant mieux ! L’art officiel, consensuel et lisse n’a jamais été très intéressant. Et puis quelle belle affaire, Jan Fabre fait bien pire sur la scène de l’Opéra de Lille (voir mon post de blog à ce sujet), simulacres de viols à répétition jusqu’à la nausée, et miction en direct sur scène, mais comme il est dans les codes d’une culture reconnue et officielle, ça ne pose de problèmes à personne.

Zombie Walk Paris 2013, Don du Sang... (photo dvelec.com)

Zombie Walk Paris 2013, Don du Sang… (photo dvelec.com)

Les zombies et tous ceux qui veulent affirmer leur attachement à ce mouvement culturel sont donc les bienvenus à Roubaix; je rêve personnellement de voir 5000 zombies descendre l’avenue Jean-Baptiste Lebas le 31 octobre 2015, chiche..?