Déjà 10 ans de Condition Publique à Roubaix, mais peut-être devrais-je plutôt dire déjà 112 ans de Condition Publique à Roubaix. Car combien de lieux culturels en France peuvent se targuer d’être dans des murs qui ont déjà connu tant d’activités diverses ?
Le lieu de tous les possibles dans la ville de tous les possibles
La Condition Publique, c’est le lieu de toutes les métamorphoses, c’est le lieu de tous les possibles, et la manufacture culturelle que nous connaissons et que nous célébrons aujourd’hui n’est que le dernier avatar d’une longue histoire – gageons que cette histoire continuera encore longtemps sous bien d’autres formes, car c’est le propre de tous les lieux qui ont une âme.

Les moutons des bergers urbains de Ciclamen dans la rue couverte de la Condition Publique !
C’est le lieu de tous les possibles dans la ville de tous les possibles, car qui aurait cru qu’un petit bourg rural deviendrait la capitale mondiale de la laine, le siège d’une exposition universelle, la capitale de la vente à distance, et aujourd’hui l’hôte du leader mondial européen de l’hébergement ?
Et le projet de la Condition Publique, c’est d’abord un lieu exceptionnel, un élément clé de l’histoire de l’industrie à Roubaix : la laine, le coton et la soie y ont été contrôlés, stockés et conditionnés de 1902 à 1972. Autant dire que, depuis sa naissance, elle est au coeur même de ce qui fait la spécificité et la grandeur de Roubaix, et on pourrait même dire que la manufacture culturelle d’aujourd’hui continue à remplir pleinement cette vocation d’être au coeur de la spécificité roubaisienne.

L’imprimante 3D à mouton des Saprophytes
Ceux qui ont permis à ce lieu d’être ce qu’il est
Pour ce faire, la Condition publique, dans son architecture d’exception, est un lieu de toute beauté conçu par Alfred Bouvy et transformé par Patrick Bouchain pour en faire la fabrique d’art qu’on connaît, ouverte en 2004. La Condition Publique, c’est le champ des possibles, avec 10 000 m2 d’espace entièrement dédiés à la culture.
La question qui se pose depuis 10 ans, à la fois simple et grandiose, c’est bien de savoir comment habiter ce lieu, comment le faire vivre, comment continuer et amplifier cette formidable aventure artistique, qui a évolué au fil des projets des directeurs, mais qui est restée ouverte à tous les arts, un lieu d’expérimentation et de création transdisciplinaire.

Un dessicateur original des années 50
Que cet anniversaire soit aussi pour moi l’occasion de rendre hommage aux directeurs précédents du lieu, Manu Barron et Stéphane Konopczynski, qui, chacun dans son style et avec ses propres ambitions, ont marqué l’endroit et lui ont permis d’évoluer pour devenir ce qu’il est aujourd’hui. Et bien sûr, depuis 5 ans, la direction d’Anne-Isabelle Vignaud trace un sillon à la fois exigeant, ouvert, original et d’une grande cohérence; qui est en train de montrer dans la durée toute sa pertinence. Je voudrais aussi remercier mes prédécesseurs au poste de président, René Vandierendonck et Nathalie Olla, qui ont chacun accompagné et fait grandir le lieu et ses équipes. Que leur engagement soit ici salué et remercié.
La Condition Publique aujourd’hui
La Condition Publique, c’est un lieu pleinement intégré à la Ville, à la Métropole et à la Région, tant grâce à son rapport aux habitants (citons par exemple le festival Pile au Rendez-vous, manifestation très fréquentée par les habitants du Pile mais aussi par tous les Métropolitains) que grâce à sa programmation, puisque la Condition Publique accueille des compagnies de toute la Région.

Ghost N°1, le « robot » d’Adrien Schweitzer
La Condition Publique, c’est aussi un espace de convivialité, un endroit où l’on peut se retrouver pour assister à un concert, mais aussi tout simplement pour prendre un verre, déjeuner au restaurant de l’Oiseau Mouche ; c’est, ce doit être un espace de vie.
La Condition Publique, c’est enfin un espace de rencontre entre économie et culture. Des labos y ont été conçus, dédiés à l’accueil d’entreprises culturelles. C’est aussi un lieu de vie où il peut y avoir une location un soir par une grande entreprise, un concert le lendemain, etc.
La Condition Publique, demain
Que sera la Condition Publique dans 10 ans, quand nous nous retrouverons pour son 20ème ou 122ème anniversaire ? Bien malin qui pourrait le dire, mais c’est un lieu qui a su, comme la ville qui l’accueille, évoluer, en fonction des propositions du moment, des projets artistiques, des créations accueillies, des expériences qui y sont menées.

Skip the use, en répétitions dans la grande salle de concert
C’est pour l’ensemble de ces raisons que j’ai souhaité prendre la présidence de ce magnifique équipement. Ce lieu si atypique, retrace par son ancrage l’histoire de la ville et la spécificité de Roubaix. Je veillerai à ce qu’elle reste un lieu ouvert à la création et en constante évolution, vibrant d’énergie, de mondes, de propositions originales, à l’unisson d’une ville profondément originale, de ses habitants, de ses entreprises, de ses désagréments mais aussi de ses grandeurs. Je m’inscris ainsi dans la droite ligne de mes prédécesseurs avec comme seule ambition qu’elle demeure un joyau culturel de notre métropole.
Je souhaite donc encore un bon anniversaire à la Condition Publique et lui souhaite de continuer à nous faire longtemps vibrer comme durant sa première décennie.
(discours tenu à la Condition Publique le mardi 7 octobre 2014).
(les photos sont celles des différentes expositions et animations proposées pour ce 10ème anniversaire)