Note préalable du 23 octobre 2014
Vincent Depecker, « journaliste fait-diversier » de Nord Eclair, m’accuse aujourd’hui dans l’édito d’être à côté de la plaque et de véhiculer des clichés sur les policiers de Roubaix dont je ne connaîtrais pas les conditions d’interventions à propos de l’article ci-après publié la semaine dernière.
Il me faut donc préciser, puisque ce n’était sans doute pas assez clair dans l’article publié la semaine dernière, que c’est bien l’image qui était rendue par les reportages de W9 sur la police à Roubaix que je critique, et la « vision extrêmement négative » qu’ils donnaient. Vincent Depecker semble oublier que, loin d’être un ressenti personnel, ces reportages avaient créé un fort émoi dans la ville, que de nombreux roubaisiens s’étaient exprimé à ce sujet dans les colonnes même du journal, et que certains avaient même envisagé de porter plainte contre la chaîne, initiative qui n’avait pas abouti. On peut bien sûr avoir une vision idyllique de ce reportage, mais il me semble que c’était loin d’être partagé par tous les roubaisiens.
Je ne méconnais bien évidemment pas les conditions difficiles de l’exercice du métier de policier à Roubaix, et je rends hommage dans l’article en question à travers les élèves de l’ENP au sens du service et à la vocation qui sont ceux de tous les policiers; mais la réalité de ce métier n’est pas celle d’un reportage sensationnaliste de W9; c’est bien de celà dont je parlais. Il serait d’ailleurs cruel de lister les titres des reportages d’Enquête d’action pour voir quel est l’angle d’approche de ceux-ci. : « Quand le Nord dérape », « Quartiers choc et nuits chaudes », « Les nouveaux quartiers chauds de Paris », « Lille, Roubaix, le Nord sous haute tension »…
J’ai aussi parfaitement compris que la plupart des élèves de l’ENP ne seront pas nommés à Roubaix, enfin pas tout de suite; je n’ai pas bien compris en quoi cela montrait que j’étais à côté de la plaque.
Bref, pour permettre à chacun de se forger son avis, le texte tel que publié la semaine dernière et repris hier dans l’édition de Nord Eclair
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Vous vous souvenez comme moi des reportages brûlots diffusé dans Enquête d‘action sur W9 sur la police à Roubaix. Vous vous souvenez de ces témoignages à charge. De la vision exclusivement négative de la ville qu’ils donnaient. De l’impression d’angoisse et de stress qu’ils généraient; on avait l’impression que Roubaix était en permanence au bord de la guerre civile, que des policiers armés jusqu’aux dents et sur les nerfs avaient bien du mal à maîtriser…
Vous vous souvenez aussi comme ces reportages avaient semé le trouble dans la ville, tellement personne ne s’y était reconnu, et que l’image véhiculée sur Roubaix paraissait éloignée de la réalité des habitants.
Fort heureusement, il y a d’autres points de vue sur la ville et sur sa police; et je vous invite fortement à regarder demain soir (jeudi 16 octobre) à 21h sur Weo le reportage « Roubaix section 13 »; dont j’ai eu l’occasion d’assister à l’avant-première hier soir à l’ENP. Un journaliste a suivi pendant 1 an (oui, 1 an, pas quelques jours comme sur W9…) des élèves de l’Ecole Nationale de Police de Roubaix-Hem. Il s’attache à quelques figures marquantes, et à la fin du reportage on est impressionné par les figures de Julien, Félix et Léa.
Car ce qu’on découvre, c’est que Roubaix c’est aussi l’endroit où des jeunes, totalement imprégnés par l’envie voire le besoin de servir les autres et leur pays, apprennent un métier exigeant, difficile, délicat, technique, mais qui donne un sens à leur vie : celui de gardien de la paix.
Non, ce ne sont pas les Robocops de W9, avec leur discours caricatural et leur attitude guerrière qu’on voit ici. On nous donne à voir un jeune père de famille prêt à faire bouger sa famille pour son métier, une fille d’aujourd’hui qui fait la fête le week-end mais qui étudie dur en semaine, ou un jeune pas de calaisien un peu renfermé qui s’ouvre peu à peu en apprenant son métier.
On y voit qu’un an de formation, c’est long, et que ceux qui estimeraient que les policiers ne connaissent ni la loi, ni les techniques, ni les contraintes de leur métier n’ont tout simplement pas connaissance du cursus exigeant qu’ils doivent réussir.
On y voit que manipuler une arme est une lourde responsabilité que personne ne prend à la légère, et qu’elle est bien ressentie comme telle par tous. Que menotter un suspect qui se rebelle est extrêmement technique et nécessite des heures d’apprentissage. Toujours loin des warriors de W9 à la matraque bien en évidence.
Je ne romantise aucunement l’apprentissage de ces futurs policiers, d’ailleurs l’un d’entre eux, Julien, effectue son stage pratique durant l’été au commissariat même de Roubaix, et l’on peut penser que les réalités du terrain lui apparaissent vite; mais sa joie de monter pour la première fois dans le camion pour une intervention en ville et remplir enfin sa mission est un des moments forts du documentaire. Qui parle du bonheur qu’ont les gardiens de la paix à faire leur métier ?
Un grand coup de chapeau donc à Christophe Lépine, à tous les élèves gardiens de la paix de l’Ecole de Roubaix, et rendez-vous sur Weo jeudi soir pour la diffusion ! On me murmure dans l’oreillette que RoubaixXL, le nouveau magazine de la ville, a aussi suivi un élève de l’école; j’attends ça avec impatience !
L’article de La voix du Nord sur le sujet.