Ce que l’on apprend quand on devient élu d’une ville, c’est bien sûr de gérer les urgences, les imprévus, les coups du sort ou l’actualité brûlante; mais aussi à apprivoiser le temps long, à s’inscrire dans les pas de ses prédécesseurs, ou à impulser des changements qu’on espère durables.

Ce matin, à St Joseph, c’est avec une grande joie que j’ai assisté à la cérémonie religieuse fêtant la réouverture du lieu après 7 ans de travaux. Et justement, il y a 7 ans, fraîchement élu adjoint à la Culture et au Patrimoine, c’était une des premières décisions qu’avec les autres élus concernés nous devions prendre : validions-nous cette enveloppe de travaux, à vrai dire tout à fait exceptionnelle, pour essayer de rendre à l’église St Joseph sa splendeur d’antan ? Car la splendeur avait presque complètement disparu. Les peintures s’écaillaient, la toiture fuyait, le clocher était en danger; c’était une opération de sauvegarde qu’il fallait mener. Ou pour être plus précis, continuer à mener, car depuis bien des années déjà, les Compagnons de St Joseph s’activaient et la ville, accompagnée par l’Etat et le département du Nord, avait déjà mené des travaux d’urgence, indispensables pour préserver le site.

Notre décision fut bien sûr de valider ces travaux (pour mémoire, les églises construites avant 1905 sont la propriété des villes dans lesquelles elles ont été bâties, d’où l’intervention nécessaire de la municipalité), notamment parce qu’il s’agissait de l’unique moment historique classé de la ville (les autres ne sont qu’inscrits, ce qui est moins prestigieux), et justement parce qu’un réel mouvement de sauvegarde s’était levé autour de cette église qu’il convenait de l’accompagner. Pendant les 7 années suivantes, le chemin fut long, tortueux, avec ses passages sublimes (le changement de clocher reste mémorable) et ses moments de doute, notamment concernant le travail sur les peintures. Pendant ces longues années, un gigantesque échafaudage fut présent dans l’église, et il a donné à ceux qui ont eu le privilège de l’escalader la possibilité de voir de très près la qualité des fresques et des peintures qui se situent aujourd’hui à plusieurs mètres du sol.

C’était d’ailleurs la première impression qui m’a saisie en entrant dans le bâtiment ce matin, la disparition de l’échafaudage, la hauteur du site, la grandeur de la perspective, et bien sûr cet affolant décor peint qui parcourt l’ensemble de l’église.Pendant ces 7 ans, les bonnes volontés ont continué à œuvrer pour l’achèvement de ces travaux, et aux Compagnons de St Joseph s’est adjoint le Cercle des Mécènes, grâce à qui de substantiels compléments de travaux ont pu être financés, qui n’étaient pas prévus au programme d’origine.Bref, ce matin, 145 ans après son inauguration, c’était un peu une renaissance, une résurrection comme le disait Mgr Ulrich, et la cérémonie fut parfaite pour inscrire tous les participants dans ce temps long dont je parlais plus haut. Nous eûmes tous conscience que St Joseph pourrait à nouveau, pendant de longues années, accueillir les fidèles, les curieux, les touristes, les amateurs d’art sacré, et tous ceux dont le chemin croiserait cette « église des ouvriers » qui fait toujours aujourd’hui la fierté de la ville.

Un peu plus d’infos : on retrouvera un très bel article de RoubaixXL consacré aux travaux de St Joseph; ainsi que la page qui lui est consacrée sur le site de Roubaixtourisme.
J’évoque aussi la place du patrimoine, dont l’église St Joseph, dans ce post de blog.