L’interview de Mehdi Massrour, le secrétaire de la section locale du Parti Socialiste de Roubaix, parue dans Nord Eclair le 27 novembre, est un modèle du genre. On peut lui reconnaître au moins le fait de répondre rapidement, en détail aux questions parfois dérangeantes des journalistes – pour le coup il fait mieux « le job » que le Maire Candidat actuel. Reconnaissons lui aussi des vertus pédagogiques pour nous initier aux arcanes démocratiques du fonctionnement d’une section PS, difficile à suivre pour le commun des mortels, dont moi.
Pour le reste, c’est un festival de langue de bois, de sophismes politiques, de considérations d’apparatchik, qui inquiètent sur le niveau de nombrilisme du PS roubaisien.
Sur le fond, il ne dit rien. Rien sur l’état de la ville, rien sur le projet, rien sur les élections à venir, rien sur les différentes déclarations récentes du Maire plutôt « malencontreuses », rien sur les problèmes et les difficultés des habitants, rien sur rien. On pourrait imaginer qu’un responsable politique confirmé comme lui sache prendre appui sur les questions des journalistes pour élargir le propos, pour aborder des sujets plus ambitieux. Mais non, on reste sur la commission d’investiture et sur les équilibres de la section. Passionnant.
Côté « âge tendre », on a droit à une déclaration étonnante dans laquelle le secrétaire de section, conseiller général, âgé de 42 ans (ça fait quand même un bail qu’il n’a plus l’âge de militer au MJS…) nous la joue faux modeste et jeune premier : « Et puis, est-ce que j’ai fait mes preuves ? On ne peut pas parler de ça pour moi aujourd’hui. Je n’ai pas été au conseil municipal… ». Il faut croire que le Département du Nord ne forme absolument à la vie démocratique locale !
Côté langue de bois, ce sont de vrais morceaux d’anthologie qu’il nous offre :
« Je n’ai jamais dit que je souhaitais être Maire de Roubaix ». On connaît le truc : pas dit mais pensé, pas maintenant, mais le temps venu, pourquoi pas, je ne me suis pas encore posé la question, ce qui m’intéresse c’est le projet, si les Roubaisiens me le demandent, bla bla bla.
« je n’ai jamais souhaité écarter Renaud Tardy » : moi non, mais la commission que je préside oui…A vrai dire, à coup de commissions et de comités, il n’est pas responsable directement de grand chose au pied de la lettre.
« Il n’y a pas d’accord [entre le maire et moi, sur sa succession] » : pour le coup c’est plutôt une bonne chose, parce que quand on voit comment Pierre Dubois respecte ses engagements politiques avec Renaud Tardy, il vaut mieux que Mehdi Massrour ne compte pas trop dessus! Quant à la véracité de l’absence d’accord, elle ne convaincra que ceux qui sont prêts à croire, c’est à dire pas grand monde…
L’existence et puis la rupture d’un accord entre Pierre Dubois et Renaud Tardy ? Pure fruit de l’imagination délirante des journalistes, d’après lui : « D’abord, j’ai été surpris lors de cette conférence de presse d’entendre Renaud Tardy parler d’un accord en ma présence alors que jamais je n’ai été à une quelconque réunion qui définissait un accord. J’ai entendu ce qu’il a dit, lui. Pierre Dubois n’a jamais rien dit. » Bon, malheureusement, entre temps la lettre de Pierre Dubois à Renaud Tardy a été publiée, et elle dit exactement le contraire. Il faut croire que, malgré leur excellente coopération, Mehdi Massrour n’avait pas été mis au courant par le Maire (et qu’il ne nous prenait pas du tout pour des imbéciles dans cette déclaration).
On pourrait quasiment citer tous les passages de cette interview surréaliste.
Roubaix mérite mieux qu’un PS obsédé par ses propres divisions dont les roubaisiens n’ont que faire.