Archives par étiquette : Pierre Dubois

« Avalanche de candidats » : émiettement plutôt que prime au sortant ?

Dans son « point de vue » du dimanche 2 février dans Nord-Eclair, Bruno Renoul rapporte le point de vue que le grand nombre de candidats déclarés sur Roubaix, actuellement 10, pourrait finalement bénéficier à Pierre Dubois, le maire sortant, en raison du flou de la situation, et du repère que constituerait le maire.

Photo montgolfiere.net

Photo montgolfiere.net

Il va sans dire que ce point de vue, attribué à l’équipe de Pierre Dubois, me semble totalement erronné.

D’abord pour une simple raison mathématique : plus il y aura de listes au 1er tour, plus le vote sera émietté, et même pour 0.5% ou 1%, ce sera toujours de moins d’agrégés sur les « gros » candidats.

Ce raisonnement est aussi douteux, en raison de la faible notoriété de Pierre Dubois. Il suffit de faire le tour des marchés ou de poser la question aux roubaisiens qui viennent à notre rencontre, pour constater que beaucoup d’entre eux en sont encore restés à René Vandierendonck, et sont sincèrement surpris d’apprendre que leur maire s’appelle Dubois. Je ne développerai pas ici le thème du hold-up démocratique…

Autre raison de croire que cette profusion n’est pas favorable au maire sortant : le bilan n’est pas unanimement apprécié (euphémisme…), et en revanche les roubaisiens ont bien compris que la majorité PS se déchire, ce qui remet quand même sérieusement en cause le caractère de « repère dans un contexte déboussolé » de la candidature Dubois.

Non, tout bien considéré, ce raisonnement semble plutôt celui d’une équipe aux abois, désemparée devant le tour catastrophique que prend leur campagne, minée par les dissidences, les déchirements et les démissions qui continuent à arriver, et prête à se raccrocher à tout espoir, même tortueux comme celui-ci.

Comme d’habitude, « les roubaisiennes et les roubaisiens en décideront », rendez-vous le 23 mars au soir !

Pierre Dubois doit-il démissionner du CESER ?

Pierre Dubois a diffusé hier son premier tract de campagne (mystérieusement privé de toute référence au Parti Socialiste), campagne dont on croit comprendre qu’elle aura pour slogan « Roubaix respectée ». On reviendra ultérieurement sur ce point.

Une « promesse » a retenu mon attention, largement mise en avant dans la présentation : « ce mandat de maire est et demeurera le seul que j’exercerai si vous m’accordez votre confiance ».

Tract Pierre Dubois 13 janvier 2014

Tract Pierre Dubois 13 janvier 2014

On comprend que Pierre Dubois  veut ainsi signifier aux électeurs qu’il consacrera tout son temps et toute son énergie à son seul mandat de maire. Louable intention.

Cette promesse me semble soit inadaptée, soit déjà battue en brèche par les faits.

Inapdatée, car comme l’a noté Grégory Wanlin sur twitter, cela signifierait-il qu’élu conseiller municipal, Pierre Dubois renoncerait à exercer le mandat de conseiller communautaire à LMCU, comme il en a la possibilité ? Ce serait assez inapproprié, car de nombreux dossiers concernant la ville se gèrent à LMCU, et d’ailleurs la position de faiblesse de Pierre Dubois qui n’en est même pas vice-président alors qu’il est maire de la 2ème plus grosse ville explique bien des difficultés actuelles de la ville. C’est, au pied de la lettre, pourtant le sens de son engagement.

Battue en brèche par les faits, car Pierre Dubois est d’ores et déjà titulaire d’un autre mandat, puisque depuis décembre dernier il est Conseiller au CESER (Conseil Econonomique, Social et Environnemental Régional), où il est membre de la commission C4 (Santé, cadre de vie et environnement), où il siège dans le collège 3 « Vie Collective ». Est-ce à dire que jusqu’à l’élection, il n’a pas à se consacrer 100% à sa ville, mais qu’après, promis juré, ce sera le cas ?

http://www.ceser.nordpasdecalais.fr/jcms/c_100675//dubois-pierre

Il me semblerait donc logique que Pierre Dubois annonce dès aujourd’hui sa démission du CESER s’il veut se mettre en conformité avec les engagements qu’il annonce lui-même…

Quant à l’argument selon lequel ce ne serait pas vraiment un mandat car c’est une nomination par le préfet et non une élection, il me semble d’une part contestable (tout mandat n’est pas forcément le fruit d’une élection, et Pierre Dubois y exerce bien un mandat en tant que représentant de la « Vie Collective »), et d’autre part contraire à l’esprit de l’engagement qui est de consacrer tout son temps à la ville de Roubaix et au mandat de maire. Ce n’est visiblement pas le cas quand on siège au CESER.

Si les mots ont un sens et les engagements une valeur, Pierre Dubois doit démissionner du CESER.

Je suis de gauche, et, pour Roubaix, je soutiens Guillaume Delbar

Photo Nord Eclair

Photo Nord Eclair

J’ai voté au second tour des élections présidentielles pour François Mitterrand en 1988, pour Lionel Jospin en 1995, pour Jacques Chirac en 2002 (contraint et forcé…), pour Ségolène Royal en 2007, pour François Hollande en 2012. Au niveau local, j’ai voté pour René Vandierendonck aux municipales de 2008, pour Marjolaine Pierrat-Feraille aux législatives de 2012. Mon parcours politique personnel de gauche est assez clair. S’il fallait choisir entre François Hollande et Nicolas Sarkozy en 2017 (pure supposition de ma part), sans hésitation je revoterais pour François Hollande.

photo AFP

photo AFP

Depuis quelques années, j’ai développé mon engagement dans la vie publique. D’abord en accompagnant plusieurs institutions d’enseignement supérieur de la métropole (l’IUT de Tourcoing et l’Université de Lille3), en tant que représentant des milieux socio-économiques.

La perspective des élections municipales en 2014 m’a conduit à m’intéresser de plus près à la ville de Roubaix, que j’habite depuis plus de 10 ans. D’abord avec la désagréable impression que son évolution récente n’allait pas dans le bon sens : persistance de l’aspect sale des rues de la ville de plus en plus frappant à chaque retour de voyage, fermetures à répétition de commerces du centre-ville, départs d’entreprises emblématiques, extrême lenteur des grands projets pourtant annoncés maintes fois (rénovation du Parc Barbieux, zone de l’Union), décélération d’une vie culturelle qui m’avait paru si riche dans les années 2000.

Photo Jean Miaille

Photo Jean Miaille

J’ai aussi depuis quelques mois posté ici quelques articles sur l’actualité économique, politique et culturelle de la ville, qui m’ont conduit à m’interroger plus en profondeur sur ces sujets et sur les spécificités roubaisiennes; et que Nord-Eclair a bien voulu reprendre a plusieurs reprises dans son édition papier. J’ai aussi participé aux discussions et débats de la « twittosphère » roubaisienne, en particulier politique, et pu apprendre à en connaître et en recontrer certains des participants.

Au terme de ce cheminement, je considère que pour améliorer la ville et lui « redonner un avenir », Guillaume Delbar est le candidat que me convient le plus, et c’est pourquoi j’annonce aujourd’hui mon soutien à sa démarche et à sa liste.

Photo Nord-Eclair

Photo Nord-Eclair

Parce que Roubaix a besoin d’un profond changement, d’une rénovation de ses pratiques et de ses politiques, et que seuls une nouvelle équipe, de nouvelles femmes, de nouveaux hommes, sont à même de réellement changer la manière de gérer la ville.

Parce qu’une élection municipale se joue avant tout sur des enjeux locaux, et sur un fort lien avec une personne, et non sur des considérations de politique nationale; le clivage droite / gauche est moins significatif (l’arrivée d’une ex-UMP sur la liste de Pierre Dubois en est d’ailleurs un bon exemple).

Parce que le large rassemblement que propose Guillaume Delbar n’est pas qu’une figure de style, et que j’ai pu constater à plusieurs reprises qu’il était mû par le souci de proposer les bonnes actions pour la ville, et pas par le souci d’appliquer un programme « de droite » qui ne m’aurait pas convenu.

Parce que ce que j’ai pu percevoir des idées et des valeurs de Guillaume Delbar, autonomie, responsabilisation, ouverture, solidarité, me correspond tout à fait, et son étiquette UMP me paraît bien accessoire, en tout cas pas un critère de choix pertinent.

Parce que ce que j’ai pu percevoir des idées, des valeurs et des actions de l’équipe sortante à majorité socialiste, concentration du pouvoir dans quelques mains, absence de dialogue, absence de prise en compte de l’avis des habitants, primat de l’appartenance politique, non-respect de la parole donnée, ne me correspond pas du tout.

Parce que la relève des pratiques et des idées passe aussi par une relève générationnelle, que Guillaume Delbar incarne pleinement.

Parce qu’il faut absolument « ensemble, redonner un avenir à Roubaix », et que Guillaume Delbar est de mon point de vue le mieux placé pour le faire.

Ce choix n’apparaîtra pas comme une surprise aux lecteurs réguliers de ce blog, dont les articles politiques étaient le plus souvent critiques vis à vis de la majorité municipale; la rédaction de ces articles m’a aussi permis de forger l’avis que j’expose dans ce billet. Je continuerai à m’exprimer ici, bien sûr sur les thèmes de la campagne, mais aussi, comme je l’ai fait depuis le début, sur la vie de Roubaix au quotidien.

Rendez-vous donc les 23 et 30 mars prochains dans les urnes !

 

Pierre Dubois : une entrée en campagne révélatrice

Le premier document de campagne de Pierre Dubois a donc été distribué ce week-end par les équipes militantes du PS. C’est un feuillet A5, qui porte au recto une photo couleur du candidat, assez réussie à vrai dire, et est surprenamment vierge au verso. Les mauvaises langues diront qu’il a ainsi réussi à faire à la fois son bilan et son programme sur la même page…

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Je pense néanmoins que ce document est plus significatif qu’il n’y paraît. En bon adepte des théories de la communication, c’est un bel exemple de « Unique Selling Proposition » que nous livre ici Pierre Dubois. Kesako ? C’est la théorie qui dit qu’un message publicitaire (ou ici, de marketing politique), pour être efficace, ne peut et ne doit porter qu’une seule idée, la plus pertinente, celle qui marquera la cible. Pas trois ni deux, juste une, sinon le message perdra quasiment toute efficacité. Cette promesse « ne doit pas pouvoir être utilisée par la concurrence » et doit être « basée sur un élément réellement différenciateur ».

L’USP de Pierre Dubois est donc claire : sa promesse politique, c’est purement et simplement qu’il est le Maire de Roubaix – candidat du Parti Socialiste. Effectivement, cet élément est incontestable, ne peut être utilisée par ses concurrents, et est réellement différenciateur.

Le problème, c’est qu’on comprend bien que ce sera là son seul discours, son positionnement de campagne, la différence par laquelle il compte l’emporter : votez pour moi parce que je suis déjà maire socialiste. C’est donc une campagne de pure continuité, d’héritage, de pleine approbation de la politique menée et des actions qu’il a conduites dans la ville pour le formuler positivement; d’immobilisme et de manque de volonté politique si l’on veut voir le côté négatif.

Au delà de cette interprétation, on pourra aussi gloser sur l’absence totale de modalités de contact sur ce document, ni adresse, ni mail, ni site; comme si le contact entre les électeurs et le candidat apparaissait comme secondaire pour lui; ou comme une confirmation du syndrome de la tour d’ivoire qu’on reproche souvent à un maire en place et qui semble être le cas ici. Ne parlons même pas des réseaux sociaux, tant il paraît clair qu’ils sont à des années lumière des préoccupations de Pierre Dubois.

Je ne doute pas que les futurs documents du candidat Dubois porteront un slogan, des propositions; mais je pense néanmoins que cette entrée en matière dit beaucoup de choses sur sa campagne. Après tout le thème de la continuité n’est pas absurde dans une ville qui a massivement voté pour François Hollande aux dernières élections présidentielles. Reste à savoir si cela suffira pour des élections municipales dont les ressorts et les enjeux sont tout autres qu’une élection nationale.

Pierre Dubois à Renaud Tardy : « Tartagueule aux élections »

Image Ville de Roubaix

Image Ville de Roubaix

Que reproche donc de si grave le maire de Roubaix à son 1er adjoint, à tel point qu’il soit sèchement écarté de la liste socialiste aux prochaines élections, et ce au mépris des accords passés quelques mois auparavant ?

On avait hâte d’en savoir plus, et ce qu’on découvre dans la lettre se résume donc en 3 points :

– « Tu m’as soutenu, mais pas assez, ou trop tard »

– « Une fois tu as osé ne pas être totalement en accord avec moi lors d’une réunion »

– « Y’a des gens qui disent du mal de moi, et tu aurais dû leur dire de se taire »

Je caricature à peine le teneur de la lettre, qu’on peut retrouver ici :

Devant un tel niveau d’argumentation, digne d’une cour de récré, on ne peut que s’inquiéter que ce duo ait été aux commandes de la ville depuis 2 ans.

Ce qu’on attend légitimement du maire de la 2ème ville du Nord – Pas de Calais, c’est qu’il justifie ses choix politiques de manière autrement convaincainte; et surtout qu’il s’emploie à rassembler sa famille politique, et plus généralement les forces vives de la ville, plutôt que de chercher des poux dans la tête de ses adjoints, dont on peut comprendre que certains aient de l’ambition politique…

C’est peu dire qu’on est pour l’instant loin du compte.

Mehdi Massrour : âge tendre et langue de bois

MM1

Photo Télérama

L’interview de Mehdi Massrour, le secrétaire de la section locale du Parti Socialiste de Roubaix, parue dans Nord Eclair le 27 novembre, est un modèle du genre. On peut lui reconnaître au moins le fait de répondre rapidement, en détail aux questions parfois dérangeantes des journalistes – pour le coup il fait mieux « le job » que le Maire Candidat actuel. Reconnaissons lui aussi des vertus pédagogiques pour nous initier aux arcanes démocratiques du fonctionnement d’une section PS, difficile à suivre pour le commun des mortels, dont moi.

Pour le reste, c’est un festival de langue de bois, de sophismes politiques, de considérations d’apparatchik, qui inquiètent sur le niveau de nombrilisme du PS roubaisien.

Sur le fond, il ne dit rien. Rien sur l’état de la ville, rien sur le projet, rien sur les élections à venir, rien sur les différentes déclarations récentes du Maire plutôt « malencontreuses », rien sur les problèmes et les difficultés des habitants, rien sur rien. On pourrait imaginer qu’un responsable politique confirmé comme lui sache prendre appui sur les questions des journalistes pour élargir le propos, pour aborder des sujets plus ambitieux. Mais non, on reste sur la commission d’investiture et sur les équilibres de la section. Passionnant.

Côté « âge tendre », on a droit à une déclaration étonnante dans laquelle le secrétaire de section, conseiller général, âgé de 42 ans (ça fait quand même un bail qu’il n’a plus l’âge de militer au MJS…) nous la joue faux modeste et jeune premier : « Et puis, est-ce que j’ai fait mes preuves ? On ne peut pas parler de ça pour moi aujourd’hui. Je n’ai pas été au conseil municipal… ». Il faut croire que le Département du Nord ne forme absolument à la vie démocratique locale !

photo Blog de Roubaix

photo Blog de Roubaix

Côté langue de bois,  ce sont de vrais morceaux d’anthologie qu’il nous offre :

« Je n’ai jamais dit que je souhaitais être Maire de Roubaix ». On connaît le truc : pas dit mais pensé, pas maintenant, mais le temps venu, pourquoi pas, je ne me suis pas encore posé la question, ce qui m’intéresse c’est le projet, si les Roubaisiens me le demandent, bla bla bla.

« je n’ai jamais souhaité écarter Renaud Tardy » : moi non, mais la commission que je préside oui…A vrai dire, à coup de commissions et de comités, il n’est pas responsable directement de grand chose au pied de la lettre.

« Il n’y a pas d’accord [entre le maire et moi, sur sa succession] » : pour le coup c’est plutôt une bonne chose, parce que quand on voit comment Pierre Dubois respecte ses engagements politiques avec Renaud Tardy, il vaut mieux que Mehdi Massrour ne compte pas trop dessus! Quant à la véracité de l’absence d’accord, elle ne convaincra que ceux qui sont prêts à croire, c’est à dire pas grand monde…

L’existence et puis la rupture d’un accord entre Pierre Dubois et Renaud Tardy ? Pure fruit de l’imagination délirante des journalistes, d’après lui : « D’abord, j’ai été surpris lors de cette conférence de presse d’entendre Renaud Tardy parler d’un accord en ma présence alors que jamais je n’ai été à une quelconque réunion qui définissait un accord. J’ai entendu ce qu’il a dit, lui. Pierre Dubois n’a jamais rien dit.  » Bon, malheureusement, entre temps la lettre de Pierre Dubois à Renaud Tardy a été publiée, et elle dit exactement le contraire. Il faut croire que, malgré leur excellente coopération, Mehdi Massrour n’avait pas été mis au courant par le Maire (et qu’il ne nous prenait pas du tout pour des imbéciles dans cette déclaration).

On pourrait quasiment citer tous les passages de cette interview surréaliste.

Roubaix mérite mieux qu’un PS obsédé par ses propres divisions dont les roubaisiens n’ont que faire.

 

Eviction de Renaud Tardy : Pierre Dubois tente le K.O d’entrée

Une famille décomposée

Une famille décomposée (photo Nord-Eclair)

Ils étaient redevenus BFF (best friends forever) il y a quelques mois. Après avoir émis quelques critiques sur la politique de Pierre Dubois, Renaud Tardy avait été démis de la plupart de ses délégations début 2013 (bel hommage au débat et à la démocratie interne entre nous soit dit), le message étant clair : si tu veux me chercher aux municipales, je ne me laisserai pas faire.

Renaud Tardy a encaissé le coup, engrangé des délégations supplémentaires au Conseil Général dont il était déjà par ailleurs Vice-Président, fait le compte de ses troupes (peut-être un peu maigres ?), de l’eau est passée sous les ponts, et finalement au mois de septembre dernier Pierre Dubois entonne l’air du Grand Pardon et redonne à Renaud Tardy la plupart des délégations dont il avait été privé quelques mois avant (on appréciera au passage la manière de gérer les délégations comme des hochets selon la loyauté de l’adjoint, la compétence et l’expérience étant visiblement des critères seconds); tandis que de son côte Tardy assure le Maire de sa loyauté aux futures municipales;  l’un et l’autre se félicitant comme il se doit de leurs qualités mutuelles et du fait que tout cela se fasse bien sûr pour le plus grand bonheur des Roubaisiens, qui n’en demandaient pas tant.

Hélas, 3 fois hélas, tout cela n’était donc que du vent, puisque parmi les adhérents PS qui ont fait acte de candidature, Pierre Dubois n’a pas retenu celle de son 1er adjoint, même à une place honorifique ou symbolique. On peut difficilement imaginer camouflet plus violent, ou message politique plus direct.  On peut aussi difficilement imaginer retournement de veste aussi complet, et non respect des engagements pris quelques mois auparavant plus manifeste. Pierre Dubois nous expliquera sûrement qu’il a longuement réfléchi avec lui-même, et qu’il lui est soudainement apparu que tout ce qu’il avait expliqué en septembre n’était donc que billevesées, et qu’en fait Renaud Tardy était un dangereux adversaire qu’il fallait neutraliser au plus vite.

update 16h05 : Pierre Dubois aurait indiqué à Nord Eclair qu’il a souhaité une liste dans laquelle il se sente « totalement en confiance »…Pauvre Maire qui avait donc rendu à son 1er adjoint l’intégralité de ses délégations, mais visiblement sans lui faire confiance. Comme il l’écrivait lui-même à Renaud Tardy, « Je veux être un maire qui continue à montrer sa capacité de rassembler ». Pas de problème, Pierre, c’est tout vu !

Renaud Tardy n'en croit pas ses yeux

Renaud Tardy n’en croit pas ses yeux (photo Blog Renaud Tardy)

Renaud Tardy ne s’y est pas trompé, et dénonce sur Twitter dans son fameux style impénétrable qu’ « il n’y a pas que les traducteurs qui trahissent » (oui, ce sont les traîtres surtout, sympa le prochain Conseil Municipal où les 2 seront côte à côte, en revanche on ne voit pas trop ce que l’allusion aux traducteurs vient faire ici, à moins que Pierre Dubois ait un passé linguistique inconnu. Et je connais le « traduttore, tradittore »).

mise à jour : Renaud Tardy publie dans l’après midi sur son blog la lettre de restitution des délégations que Pierre Dubois lui a envoyé en juin dernier sous le titre « Des Paroles et des Actes » : ambiance…http://www.renaudtardy.fr/?p=838

update 18h49 : Nord-Eclair relaie le même document et le présente comme « la lettre dans laquelle Pierre Dubois assurait à Renaud Tardy une place sur sa liste »

Cela dit, au delà de l’indignation de l’un et d’une entorse à la politique des bons sentiments de l’autre, que peut viser Pierre Dubois par un mouvement aussi net ? Le message est double, et d’une grande clarté : primo, non, Renaud Tardy n’est pas ou plus en position de nuire. Le Maire estime que les soutiens du 1er adjoint sont quantité négligeable, qu’il a une suffisamment grande maîtrise de l’appareil du parti socialiste d’une part (merci Mehdi Massrour!), et des rouages divers de la ville d’autre part, pour pouvoir non seulement se passer du réseau de RenaudTardy, mais aussi éventuellement jouer contre eux.

Secundo, autre message clair : gare à qui se mettra en travers de ma voie, ralliez vous à mon panache blanc, sinon pas de quartier.

Pourvu que je n'ai pas fait une bêtise...

Pourvu que je n’ai pas fait une bêtise… (photo Nord Eclair)

Pierre Dubois estime donc que le risque d’une liste socialiste dissidente, évoquée ponctuellement ci et là, est donc négligeable, à tel point que même additionnée au mécontentement de Renaud Tardy et de ses partisans, cela ne constituerait pas une menace.

Du côté de Renaud Tardy, les choses sont plus tranchées : il a été purement et simplement (et malproprement) viré de la liste. D’un point de vue local, il n’a donc plus rien à perdre puisque s’il ne fait rien, il ne sera plus rien en mars. Et son ancrage au Conseil Général pourrait être remis en cause s’il ne détient plus aucun mandat local.

La question est donc pour lui de savoir s’il a envie de montrer les muscles, et de menacer de monter une liste dissidente, voire de la monter. Il pourrait avoir quelques arguments : les déclarations du mois de septembre dernier, le respect du travail effectué, son implantation dans la ville, son positionnement politique légèrement décalé par rapport à celui du Maire qui pourrait élargir l’électorat potentiel. Et surtout, ce bon vieil ingrédient indispensable à toute bataille politique digne de ce nom : l’appétit de revanche, le goût de la vengeance, toutes ces bonnes choses qui se mangent froid au mois de mars.

Seul hic : s’il ne l’emporte pas, il se retrouvera banni vite fait et bien fait du PS, et donc adieux veaux vaches cochons couvées et retour au cabinet d’avocat. Ca fait réfléchir et mesurer ses chances réelles. Mais parfois la politique n’est pas affaire de mesure rationnelle, et quand bien même il pourrait être difficile de se maintenir au 2nd tour, ou de fusionner avec une autre liste, la Schadenfreude de contribuer à la perte de son ex-ami devenu ennemi juré pourrait être une puissante motivation…

La campagne roubaisienne démarre donc enfin, et avec elle se confirme ce vieil adage de la politique que nous a enseigné Voltaire :  » Mon Dieu, gardez moi de mes amis. Quant à mes ennemis, je m’en charge »…

Quelques liens, pour la bonne bouche :

http://www.nordeclair.fr/info-locale/roubaix-renaud-tardy-absent-surprise-de-la-liste-de-pierre-ia50b12891n312808

http://www.nordeclair.fr/info-locale/roubaix-renaud-tardy-s-efface-pour-cette-fois-mais-ia50b0n234554