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Dorignac, ou le « métier » de La Piscine

Nous inaugurons ce soir les 2 nouvelles expositions de La Piscine, l’une consacrée à Georges Dorignac, l’autre à la nouvelle présentation des collections animalières du Musée.

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Ces deux expositions sont un magnifique exemple du travail de redécouverte que mènent Bruno Gaudichon et son équipe. Certes, ils ont à cœur de présenter des artistes connus du plus grand nombre, et on se souvient de l’affluence exceptionnelle que connaissent des expositions comme celles consacrées à Chagall et Picasso, avec plus de 100 000 spectateurs.

Mais le cœur du « métier » de la Piscine, si j’ose m’exprimer ainsi, c’est aussi de proposer des redécouvertes d’artistes d’exception, qui méritent un éclairage particulier ; et d’amener un nombre important de visiteurs à découvrir eux aussi ces formidables artistes.

C’était le cas, dans les expositions précédentes, d’Albert Braïtou Sala, ou tout récemment de Jean Martin ; et grâce au travail du musée, à la confiance qu’il a su susciter, et aussi à un travail scientifique remarquable, des dizaines de milliers de visiteurs ont pu admirer les œuvres de ces artistes ; et les replacer à nouveau dans la carte de l’art du 20ème siècle.

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C’est aujourd’hui le cas de Dorignac et de certains sculpteurs animaliers,- je pense en particulier à Marcel Lémar, auquel La Piscine avait déjà consacré une remarquable exposition monographique il y a quelques années ; et je souhaite que ces expositions remportent le même succès, comme cela semble être le cas sur les premiers jours d’ouverture !

Par ailleurs, je me réjouis que La Piscine mène, depuis son ouverture, un réel travail de fond sur la sculpture, travail qui constitue l’une des forces du Musée comme en témoigne l’emblématique Grand Bassin.

Nous avons ainsi accueilli le mois dernier le colloque « Montrer la sculpture », en partenariat avec l’Institut National d’Histoire de l’Art, et qui rappelait à quel point la Piscine est un des musées majeurs sur la sculpture des 19ème et 20ème siècles en France ; et qu’un des enjeux de l’agrandissement du musée serait de donner encore plus à voir pour la sculpture, en particulier avec l’installation unique de l’atelier restitué d’Henri Bouchard.

La nouvelle présentation sur la sculpture animalière en est aussi une très belle illustration. Elle donne un aperçu passionnant de notre collection permanente.

Je voudrais terminer en saluant Cédric Guerlus, dont la scénographie met avec talent en valeur la collection animalière, tout en facilitant la visite des groupes, en particulier des enfants et des jeunes, qui sont nombreux à visiter ces collections du Musée.

extrait du discours prononcé le 25 novembre 2016 pour le vernissage de l’exposition Dorignac au Musée la Piscine

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L’art intime, délicat…et injustement oublié de Mazerolle à La Piscine

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Alexis-Joseph Mazerolle 1826-1889

Intime et délicat, ces 2 mots décrivent simplement mais fidèlement mon ressenti à la visite de l’exposition « Mazerolle, itinéraire d’un grand décorateur », qui vient d’ouvrir à La Piscine.

Cette exposition, l’avant-dernière avant le début des travaux d’agrandissement soit dit en passant, met pour la première fois en lumière le travail d’un illustre inconnu : Alexis-Joseph Mazerolle. Ce décorateur très actif durant la Monarchie de Juillet et le Second Empire a exécuté de nombreuses commandes privées pour des hôtels particuliers, des salons de réceptions, tout en honorant des commandes publiques de très grand prestige comme un plafond de la Comédie Française (un de ses chefs-d’œuvre !).

 

Malheureusement, s’il fut un réel grand nom de la peinture à son époque, il a sombré dans l’oubli pour plusieurs raisons : son style classique, très académique, a été balayé par les très nombreux courants picturaux et artistiques de la fin du XIX siècle et par tout le XXème siècle. Ses œuvres mythologiques et figuratives furent complètement oubliées, une telle proposition artistique fut au mieux moquée, au pire violemment critiquée.

L’autre grand drame que connurent les tableaux de Mazerolle vient de leur état, la plupart sont dans les mains de collectionneurs privés et tiennent plus d’œuvres décoratives que de tableaux, de ce fait, elles ont disparu, en même temps que la décoration de la pièce dans laquelle elles se trouvaient.

Alice Masse, conservatrice adjointe nous expliquant l'exposition

Alice Masse, conservatrice adjointe nous expliquant l’exposition

Enfin, dernier regret, sa « France couronnant Molière, Racine et Corneille » disparut lors de l’incendie de la Comédie-Française en 1900.

Heureusement, aujourd’hui Alexis-Joseph Mazerolle sort de l’oubli grâce à l’Association des Amis du peintre Alexis-Joseph Mazerolle et de Marie-France Lavalade qui a effectué sa thèse de l’École du Louvre autour de l’œuvre du peintre décorateur.

Cette dernière signe d’ailleurs le commissariat de l’exposition avec Alice Massé, conservatrice adjointe à La Piscine.

Mais ce qui fait d’ores et déjà la réussite de cette exposition nous vient de la précieuse aide des descendants du peintre. Ils ont travaillé pendant des années en très étroite collaboration avec Bruno Gaudichon, conservateur en chef de La Piscine, pour offrir le meilleur panorama de leur aïeul. Ils sont également très généreux, offrant 27 dessins du maître et permettant à La Piscine de devenir le musée ayant le plus grand fond de dessins de Mazerolle en France, merci encore à eux !

Nicolas Harvé, arrière-petit-fils du peintre célébrant le travail réalisé par les équipes de La Piscine

Nicolas Herbet, arrière-petit-fils du peintre célébrant le travail réalisé par les équipes de La Piscine

Car c’est aussi une des vocations de notre musée que de révéler ou de faire redécouvrir des artistes parfois injustement oubliés. Le fond du musée, éclectique et assez riche dans un style et une période bien identifiés, nous permet d’être souvent à l’origine de telles opérations; et c’est tout le talent de Bruno Gaudichon et de ses équipes de faire réapparaître des oeuvres longtemps négligées…

 

Pour finir cet article, et revenir au vif du sujet, voici les coups de cœur que j’ai eus durant ma visite avec Alice Massé, je vous laisse le soin de découvrir le reste de l’exposition, par vous-même, bien entendu 😉

 

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La Piscine s’agrandit, c’est officiel !

C’est avec une grande fierté et un réel bonheur que je vous annonce officiellement que le musée de La Piscine va être agrandi !

L'entrée de la Piscine (photo Philippon Architecte)

L’entrée de la Piscine (photo Philippon Architecte)

Je vous avais déjà annoncé il y a quelques mois le financement de la salle d’Histoire de Roubaix grâce au mécénat, mais cette nouvelle annonce est d’une ampleur bien plus importante, et ce pour 4 principales raisons :

– Le musée a clairement atteint son seuil de saturation. Lors de l’exposition Camille Claudel et de son succès sans commune mesure, c’étaient jusqu’à 3 000 personnes qui visitaient le musée chaque jour, un niveau disproportionné par rapport aux capacités d’accueil. Les conditions de visite n’étaient pas agréables9, les œuvres étaient mises en danger, les équipes ne travaillaient plus dans de bonnes conditions…

– Des oeuvres et notre patrimoine sont à valoriser, mais les bâtiments du Musée sont déjà exploités au maximum de leur capacité, quand on pense que l’intérieur des cabines est utilisé pour valoriser des céramiques et des pièces textiles, on constate vraiment le manque criant d’espaces d’exposition.

– La Piscine est l’un des grands symboles de Roubaix (quand on pense que c’est elle qui a représenté le Nord-Pas de Calais dans l’émission Le Monument Préféré des Français). Son rayonnement est prestigieux et d’une ampleur certaine. Ce n’est pas que le musée de la ville de Roubaix et des roubaisiens, sa fréquentation est bien plus variée que cela, les habitants de l’Eurométropole étant les plus importants. Il était donc légitime que la Métropole Européenne de Lille, la Région ou encore le Département du Nord participent au financement des travaux d’agrandissement. Cela permet également de se rendre compte de la nouvelle place, plus assurée, plus reconnue, qu’occupe Roubaix dans les instances territoriales et intercommunales.

– Guillaume Delbar et moi-même n’avons cessé de le répéter, l’agrandissement de la Piscine était le dossier majeur dans le domaine de la culture pour la mandature (dis ici, encore ). Notre engagement et notre ténacité ont payé , l’extension est actée !

Le bassin de La Piscine, la star du soir

Les équipes du musée se réjouissent vivement de cette annonce, de même que l’équipe municipale, les roubaisiens et les amateurs d’art.

Début des travaux dès la fin de l’année pour un retour à la normale en 2017.

Petit plaisir final, le musée reste bien sûr ouvert durant la durée des travaux, et ça, c’est la nouvelle meilleure nouvelle qui soit 🙂

 

 

Parce que « La Grand’Plage » sera bien plus qu’une médiathèque à Roubaix…

Nous voulions garder le nom secret jusqu’à la réouverture de l’équipement, malheureusement l’information a fuité aujourd’hui dans la presse, je confirme donc que la médiathèque de Roubaix aura donc, comme dit Nord Eclair « un vrai nom » et s’appellera à partir du mois de septembre « La Grand’ Plage ».

Le futur rez-de-chaussée de La Grand'Plage

Le futur rez-de-chaussée de La Grand’Plage

Pourquoi ce nom a priori surprenant ?

Parce que nous voulions signifier que 35 ans après son ouverture, le lieu allait radicalement changer dans sa disposition (l’implantation sera très largement revue), dans ses usages (introduction du libre emprunt et restitution des documents grâce à la technologie RFID), dans ses horaires d’ouverture…

Parce que nous voulions changer le nom aussi pour bien montrer que la vocation du lieu était bien plus large que celle d’un endroit de prêt de documents : aussi un lieu de programmation culturelle, de rencontre, de convivialité, de découverte, de restauration, de concert, de soutien scolaire, et bien d’autres choses encore. Bref, un équipement culturel à part entière, et quel meilleur moyen de le dire qu’en le dotant d’un nom spécifique ?

Parce que tout cela est l’aboutissement d’une démarche de large consultation menée l’été dernier, que je décrivais en toute transparence dans un post du 5 juillet, « Et si on trouvait ensemble un nouveau nom à la médiathèque de Roubaix » ? Des ateliers ont associé des usagers, des employés de la médiathèque, des acteurs de la culture et du monde du livre de Roubaix, des services municipaux; ils ont réfléchi ensemble aux valeurs de la médiathèque, à ce qu’elle voulait dire et défendre; ils ont brainstormé sur quantités de noms possibles; et qu’au terme de cette démarche de co-construction, c’est ce nom de  » La Grand’Plage » qui a remporté les suffrages du comité de sélection. Je précise que ce comité était constitué de la directrice de la Médiathèque, du directeur de la Culture de la Ville, du directeur de la Communication, et des 2 élus en charge du dossier, Véronique Lenglet et moi-même.

Un changement bientôt à prévoir sur la façade...

Un changement bientôt à prévoir sur la façade…

Parce que « La Grand’Plage » n’a rien à voir avec une médiathèque, et alors ? Clio n’a rien à voir avec une voiture, La rose des vents n’a rien à voir avec une scène nationale de théâtre, Amazon n’a rien à voir avec le commerce en ligne, qui s’en soucie ? C’est même justement l’absence de référence directe à l’univers du livre qui nous a parue pouvoir offrir plus de sens, plus de force, plus de d’imaginaire au nom.

Parce que, effectivement, ce qui nous plaisait dans ce nom, c’était les valeurs et les références qu’on pouvait lui associer : les loisirs, la détente, la famille, le soleil, la liberté, l’espace, la convivialité. Cerise sur le gâteau, on pouvait aussi filer la métaphore de lieux déjà bien connus de la ville : la Piscine (tiens, personne ne s’étonne plus que notre musée s’appelle la Piscine…), le Grand Bassin, le Vestiaire, et bien sûr la proximité physique et phonétique de la Grand’Place, cela permettait d’inscrire la Grand Plage dans un ensemble de noms déjà existants, et de souligner encore l’appartenance de la médiathèque au réseau d’équipements culturels de la ville.

Au final, la Grand’Plage sera donc un lieu de lecture publique et de démocratisation culturelle largement rénové, en phase avec son temps, en harmonie avec les usages et les souhaits des roubaisiens, une référence nationale (la Bibliothèque Numérique de Roubaix fait partie des 10 bibliothèques numériques labellisées par le Ministère de la Culture); il fallait bien un nouveau nom décalé, original et sympathique pour dire tout ça 🙂

Non, la salle de lecture de "La Grand'Plage" ne ressemblera pas à ça, mais l'esprit est là...

Non, la salle de lecture de « La Grand’Plage » ne ressemblera pas à ça, mais l’esprit est là…(photo Ouest France)

Ça balance pas mal à Roubaix (2) : La Piscine et la Nuit des Arts

Ce week-end groovy à Roubaix, c’est aussi l’occasion de faire le tour des galeries, lieux d’exposition temporaires, et bien sûr de « notre » fameux musée, La Piscine (ou plutôt, comme personne ne le dit jamais, « Musée d’Art et d’Industrie – André Diligent »).

On se dirige bien sûr de suite vers l’exposition du moment « Le siècle d’or de la peinture danoise », qui donne le la à toute la saison culturelle roubaisienne. Et c’est peu dire qu’après les fastes de Picasso ou de Chagall l’an dernier, c’est plutôt une douche froide qui nous attend.

Le « siècle d’or » en question paraît bien terne et de peu d’intérêt. Les premières salles regorgent de portraits banaux, de paysages plats dont on peine à comprendre ce qui a pu justifier la sélection, de scènes historiques malhabiles …Ca s’améliore un peu dans les salles suivantes, où les paysages se font plus pittoresques, la technique picturale plus affirmée, avec même quelques tableaux assez bluffants par les couleurs ou le trait. Néanmoins, il faut bien avouer qu’on cherche au plus profond de sa motivation pour estimer l’expo intéressante. Quelques exemples :

Heureusement, la Piscine ce n’est pas que l’expo danoise, elle regorge aussi de « petites » expos temporaires, et aussi des collections permanentes qu’on connaît déjà; et c’est l’occasion d’une multitude de découvertes charmantes, que ce soit les austères céramiques de Gisèle Buthod Garçon, le malicieux lapin Rabbittears de Nadia Anemiche et Virginie Besengez, la confrontation au long du 20ème siècle de Wemaere et Jorn, les « interventions » irréverencieuses de Délit Maille, ou même, très à propos quelques pièces de céramique sud-africaine. C’est ça la Piscine qu’on aime, faite de découvertes, d’audace, de culot…

Mais la Nuit des Arts, c’est aussi le charme d’expo chez un coiffeur (chez Alexandre à Usual Break…), ou, de manière plus convenue, dans une des galeries de Roubaix comme la « Plus petite galerie du monde », qui donne lieu à de belles rencontres d’oeuvres…