Archives par étiquette : Cultures Urbaines

Mon Top 5 de #XU 2015

Ne boudons pas notre plaisir, la première édition de #XU, alias le nouveau festival « Expériences urbaines » de la ville de Roubaix, a été une franche réussite. J’ai pour ma part particulièrement apprécié les moments suivants :

Top 5 : A2K au Colisée

Oui, ça n’était pas vraiment au programme de #XU, mais comment résister au spectacle d’un tout jeune humoriste roubaisien en première partie du show d’Arnaud Ducret ?

A2K et Arnaud Ducret

A2K et Arnaud Ducret

A2K m’a impressionné par son aisance, son contact avec la salle, cette manière d’aller à la rencontre du public, le tout sur des sujets pas forcément simples, avec lesquels il est allé cherché les rires …Chapeau Akim !

 

Top 4 : Le village de fresques et de danse de la Grand Place

Il y avait ce week-end une vraie ambiance de fête sur la Grand Place; les graffeurs s’en donnaient à coeur joie sur les immenses panneaux dressés pour eux, les danseurs s’enchaînaient dans les battles ou les spectacles sur la scène; bref il y avait une énergie positive typiquement roubaisienne comme on aimerait en avoir encore plus souvent !

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Top 3 : le « soul train » du Bal Waacking au Gymnase

Ah, si on m’avait dit que Princesse Madoki réussirait à me faire passer au milieu d’un « soul train », comme aux plus grandes heures de la danse à Harlem dans les années 70…Et pourtant elle y est arrivée; et on a particulièrement apprécié le mélange des publics au Gymnase, qui faisait plaisir à voir !

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Top 2 : les baskets customisées du Grand Bassin

L’idée est simple et brillante : achetez un lot de baskets blanches, et demandes à des artistes de les customiser ! Le résultat est juste bluffant, jugez-en vous mêmes…Merci aux artistes du Grand Bassin, et à Loïc Trinel et Sébastien Prisset pour l’idée et l’organisation.

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Top 1 : JonOne superstar

JonOne en couverture de Nord Eclair, Jonone sur la scène avec le maire à l’inauguration, Jonone en dédicace, mais surtout Jonone devant l’immense volet métallique de la rue de l’Hospice, qui est maintenant totalement métamorphosé…

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Jonone à l'oeuvre...

 

Merci à Jonone d’avoir été en quelque sorte le parrain officieux de cette première édition, merci à Mikostic qui l’a convaincu de venir nous rendre visite, et à très bientôt on espère…

Et bien sûr j’en oublie tant d’autres, comme la fresque de Des Friches et Des Lettres sur le parking de la Cave aux Poètes, les rappers de Detroit, les percussions de l’ARA, la conférence de hip hop… Une seule conclusions : rendez-vous l’année prochaine pour #XU 2016 🙂

De quoi Gradur est-il le nom ?

La sortie la semaine dernière du 1er album de « L’homme au bob », judicieusement appelé du même nom, a fait grand bruit, à tel point que le rappeur de Roubaix / Hem s’est retrouvé tout bonnement en tête des ventes de la semaine. Qu’est-ce que cela nous dit ?

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Tout d’abord, pour ceux qui en doutaient, que les cultures urbaines n’ont rien de marginal, d’expérimental ou de réservé à une frange spéciale du public. Non, les cultures urbaines en 2015 c’est tout bonnement la culture; et on peut même dire que c’est la culture de masse. On notera avec une certaine jubilation d’ailleurs les 5 premières ventes d’album de la semaine : Gradur, Christine and the Queens, 50 shades of Grey, Kendji, Scorpions, Soit un homme au bob, une digne représentante de la variété française intello,  la BO d’un film ultra commercial, l’album d’une star de la télé, et un groupe de hard rock des années 80. Bel éclectisme que celui des français cette semaine…

Gradur est-il pour autant synonyme de qualité, de contenu culturel dense, d’innovation artistique ? On peut en douter, mais finalement mon avis importe peu. En tant qu’adjoint à la culture, mon rôle n’est pas d’être l’arbitre des élégances et de prononcer des jugements artistiques, mais de mettre en place une politique culturelle qui serve la ville et ses habitants. Et dans la politique culturelle que nous mettons en place, il y a une place toute  particulière pour les cultures urbaines, je me suis récemment exprimé sur le sujet en rappelant que Roubaix voulait et pouvait être une « capitale des cultures urbaines ».

Enfin, Gradur c’est aussi le nom de celui qui réussit. Qu’on le veuille ou non, quoi qu’on en pense, c’est un exemple de réussite. C’est la preuve qu’on peut venir de Roubaix, tourner ses vidéos à Schweitzer, ET avoir 10 millions de vues sur Youtube et être numéro 1 des ventes à sa sortie. C’est un exemple non pas artistique – chacun sa voie, chacun sa voix – , mais un exemple qu’on peut y arriver, qu’il peut y avoir une place pour chacun même venant de Roubaix. Si un seul roubaisien se dit « moi aussi je veux faire comme Gradur, me lancer, tenter ma chance car je crois à mon talent et je veux en faire mon métier », son impact aura été positif. Là aussi mon rôle est de susciter ces talents, de les faire émerger, d’aider à les structurer et à les accompagner par les équipements culturels et les associations de la ville. Je crois que la ville n’a pas à rougir de son bilan, et j’espère bien l’améliorer encore.

 

Roubaix, une capitale des cultures urbaines

Oui, Roubaix a les moyens d’affirmer sa place et de devenir une capitale des cultures urbaines en France et en Europe.

Il faut pour cela d’abord que des acteurs locaux existent, soient présents, témoignent d’une activité soutenue, assurent une création, une diffusion, un enseignement dans ce domaine. C’est bien évidemment le cas à Roubaix, qui depuis plus de 35 ans est une des villes françaises les plus fertiles, qui a vu passer tout ce qui a compté et compte dans les cultures urbaines, et qui est aussi un creuset d’où les talents émergent. Le dernier d’entre eux – et non le moindre – c’est bien entendu Gradur, « l’homme au bob », la nouvelle coqueluche du rap français, dont le très attendu 1er album sort justement aujourd’hui…

Gradur, l'homme au bob

Gradur, l’homme au bob

Il y faut ensuite une volonté commune et partagée de l’ensemble des partenaires. Des acteurs culturels qui assument cette ambition, des équipements culturels qui jouent le jeu, des acteurs publics qui s’engagent et portent ce projet. Et à Roubaix, ces éléments sont réunis : tous les équipements culturels programment, soutiennent, participent aux cultures urbaines : depuis le seul début de l’année 2015, une “Battle Brams” à la Condition Publique, des ateliers de danse hip hop dans le festival “Les petits pas” du Gymnase, du rap palestinien à la Cave aux Poètes, un Open Mic Human Beat Box au Bar Live…Qui pourrait sérieusement prétendre que les cultures urbaines sont discriminées à Roubaix ?

Quant à la ville de Roubaix, bien évidemment elle accompagne et anime cette effervescence, plus que jamais même. Si parfois le soutien a eu quelques ratés – des baisses de subventions drastiques de certaines associations dans la précédente mandature -, depuis le mois d’avril 2014, le climat a bien changé, il y a même un Conseillère Municipale dédiée à “Roubaix capitale des cultures urbaines”, Virginie Carbon, et la nouveauté majeure de l’année 2015 sera la première édition d’un Festival des Cultures Urbaines, début octobre, qui fédèrera sur un week-end tous les partenaires de la ville. Il est encore en gestation et la programmation est loin d’être arrêtée, mais on peut d’ores et déjà avancer qu’il sera l’occasion de belles rencontres, notamment avec les manifestations de Lille3000 Renaissance, où un lien artistique fort entre Roubaix et Detroit semble une évidence.

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Les rappeurs de DAM étaient à la Cave le 18 février 2015

 

Il faudrait aussi s’interroger sur ce que sont réellement les cultures urbaines; il pourrait y avoir un côté un peu vieux jeu de cantonner les acteurs roubaisiens à ces pratiques culturelles. Nous le disons haut et fort : non, les roubaisiens ne s’intéressent pas qu’à la danse hip hop et au rap; et c’est une des fiertés de la ville de voir l’ensemble des habitants se retrouver au Conservatoire, dans les cours de danse ou dans les salles de concert.

Nous soutenons des cultures urbaines ouvertes, métisses, hybrides, qui ne se cantonnent pas à une old school déjà dépassée mais qui s’interfacent à tous les autres champs culturels aussi divers soient-ils, et en tirent des créations innovantes, étonnantes, inédites. Nous pensons aussi que les cultures urbaines ont, peut-être plus que d’autres, cette caractérisque de dépasser le champ traditionnel de la culture et des 9 Muses , et incluent aussi des pratiques sportives (les sports dits « urbains » comme le Parkour sont joliment à la frontière de l’art et de la culture), artisanales (la mode s’en inspire à l’évidence et ce depuis bien longtemps), économiques, et que tout cela est particulièrement fécond et nouveau.

sillons

Sillons, la dernière création de Brahim Bouchelaghem

 

Des acteurs nombreux et au top niveau, des équipements engagés, une ville présente et à l’initiative, une vision ouverte et d’avenir; oui, vraiment, tous les éléments sont réunis pour Roubaix, capitale des cultures urbaines…

 

Alors de grâce, évitons toute instrumentalisation politique du sujet, qui ne le mérite pas. Car malgré tout mon intérêt pour les cultures urbaines et mon envie de les faire encore progresser à Roubaix, je n’ai pas non plus la prétention, comme certains acteurs culturels locaux, de penser que cela suffit à apaiser des situations sociales, économiques, personnelles parfois dramatiques, ni de penser qu’il suffirait d’augmenter les subventions de certaines associations culturelles et de financer plus de projets pour que tout aille mieux à Roubaix. C’est aller bien vite en besogne, et c’est aussi oublier de prendre en compte le travail fait par beaucoup d’autres acteurs de terrain. L’action culturelle est bien sûr utile et même nécessaire, mais elle ne peut se concevoir qu’en maillage avec toutes les autres structures.