On ne se connaissait pas depuis si longtemps avec Michèle, 3 ans, depuis que j’étais élu. Elle m’avait pris à part comme ça, dans un vernissage ou un cocktail, et, pas intimidée pour 2 sous, elle m’avait raconté ce qu’elle avait fait, sa passion pour Roubaix, pour la culture, pour les gens.
photo Nord Eclair
Comme beaucoup, j’avais tout de suite été sous le charme de sa faconde, de sa bonne humeur, de son énergie; et aussi de son franc-parler. Elle n’avait pas sa langue dans sa poche, ça c’est sûr; mais toujours et avant tout cette gentillesse, cette attention pour les gens, cette chaleur humaine.
Oui, Michèle, depuis 30 ans, était un vrai soleil pour Roubaix, que ce soit pour les habitants de l’Alma où elle travaillait au Centre Social, pour les jeunes qu’elle avait pris son aile, et l’on pense en particulier très fort ce soir à Brahim Bouchelaghem, en qui elle avait cru avant tout le monde et même avant qu’il croit en lui-même peut-être; on pense à la Condition Publique, aux visites de musée, à la Cave aux Poètes; et depuis sa retraite au Rugby Club où elle était devenue une bénévole de choc…
De fil en aiguille, par hasard dans la rue ou dans une manifestation culturelle, je recroisais Michèle, et à chaque fois c’était un plaisir de s’arrêter, d’échanger des nouvelles, d’avoir son point de vue sur je ne sais quel sujet, ou juste de prendre un verre ensemble.
Hélas, parfois, le soleil est noir; et Michèle avait aussi ses côtés sombres; ses propres tourments l’ont emportée hier soir…Les témoignages d’affection affluent depuis l’annonce de sa disparition, et l’on mesure à quel point Michèle était appréciée.
Je ne peux ce soir que me joindre à ce concert de regrets, exprimer ma profonde tristesse à l’idée de l’avoir perdue, et présenter mes sincères condoléances à son fils et ses amis. Je serai là pour lui dire un dernier au revoir mardi au Crématorium de Wattrelos.
On retrouvera avec plaisir Michèle dans la vidéo ci-jointe, publiée ce jour par leblog2roubaix.com
Oui, Roubaix a les moyens d’affirmer sa place et de devenir une capitale des cultures urbaines en France et en Europe.
Il faut pour cela d’abord que des acteurs locaux existent, soient présents, témoignent d’une activité soutenue, assurent une création, une diffusion, un enseignement dans ce domaine. C’est bien évidemment le cas à Roubaix, qui depuis plus de 35 ans est une des villes françaises les plus fertiles, qui a vu passer tout ce qui a compté et compte dans les cultures urbaines, et qui est aussi un creuset d’où les talents émergent. Le dernier d’entre eux – et non le moindre – c’est bien entendu Gradur, « l’homme au bob », la nouvelle coqueluche du rap français, dont le très attendu 1er album sort justement aujourd’hui…
Gradur, l’homme au bob
Il y faut ensuite une volonté commune et partagée de l’ensemble des partenaires. Des acteurs culturels qui assument cette ambition, des équipements culturels qui jouent le jeu, des acteurs publics qui s’engagent et portent ce projet. Et à Roubaix, ces éléments sont réunis : tous les équipements culturels programment, soutiennent, participent aux cultures urbaines : depuis le seul début de l’année 2015, une “Battle Brams” à la Condition Publique, des ateliers de danse hip hop dans le festival “Les petits pas” du Gymnase, du rap palestinien à la Cave aux Poètes, un Open Mic Human Beat Box au Bar Live…Qui pourrait sérieusement prétendre que les cultures urbaines sont discriminées à Roubaix ?
Quant à la ville de Roubaix, bien évidemment elle accompagne et anime cette effervescence, plus que jamais même. Si parfois le soutien a eu quelques ratés – des baisses de subventions drastiques de certaines associations dans la précédente mandature -, depuis le mois d’avril 2014, le climat a bien changé, il y a même un Conseillère Municipale dédiée à “Roubaix capitale des cultures urbaines”, Virginie Carbon, et la nouveauté majeure de l’année 2015 sera la première édition d’un Festival des Cultures Urbaines, début octobre, qui fédèrera sur un week-end tous les partenaires de la ville. Il est encore en gestation et la programmation est loin d’être arrêtée, mais on peut d’ores et déjà avancer qu’il sera l’occasion de belles rencontres, notamment avec les manifestations de Lille3000 Renaissance, où un lien artistique fort entre Roubaix et Detroit semble une évidence.
Les rappeurs de DAM étaient à la Cave le 18 février 2015
Il faudrait aussi s’interroger sur ce que sont réellement les cultures urbaines; il pourrait y avoir un côté un peu vieux jeu de cantonner les acteurs roubaisiens à ces pratiques culturelles. Nous le disons haut et fort : non, les roubaisiens ne s’intéressent pas qu’à la danse hip hop et au rap; et c’est une des fiertés de la ville de voir l’ensemble des habitants se retrouver au Conservatoire, dans les cours de danse ou dans les salles de concert.
Nous soutenons des cultures urbaines ouvertes, métisses, hybrides, qui ne se cantonnent pas à une old school déjà dépassée mais qui s’interfacent à tous les autres champs culturels aussi divers soient-ils, et en tirent des créations innovantes, étonnantes, inédites. Nous pensons aussi que les cultures urbaines ont, peut-être plus que d’autres, cette caractérisque de dépasser le champ traditionnel de la culture et des 9 Muses , et incluent aussi des pratiques sportives (les sports dits « urbains » comme le Parkour sont joliment à la frontière de l’art et de la culture), artisanales (la mode s’en inspire à l’évidence et ce depuis bien longtemps), économiques, et que tout cela est particulièrement fécond et nouveau.
Sillons, la dernière création de Brahim Bouchelaghem
Des acteurs nombreux et au top niveau, des équipements engagés, une ville présente et à l’initiative, une vision ouverte et d’avenir; oui, vraiment, tous les éléments sont réunis pour Roubaix, capitale des cultures urbaines…
Alors de grâce, évitons toute instrumentalisation politique du sujet, qui ne le mérite pas. Car malgré tout mon intérêt pour les cultures urbaines et mon envie de les faire encore progresser à Roubaix, je n’ai pas non plus la prétention, comme certains acteurs culturels locaux, de penser que cela suffit à apaiser des situations sociales, économiques, personnelles parfois dramatiques, ni de penser qu’il suffirait d’augmenter les subventions de certaines associations culturelles et de financer plus de projets pour que tout aille mieux à Roubaix. C’est aller bien vite en besogne, et c’est aussi oublier de prendre en compte le travail fait par beaucoup d’autres acteurs de terrain. L’action culturelle est bien sûr utile et même nécessaire, mais elle ne peut se concevoir qu’en maillage avec toutes les autres structures.