Régionales : chroniques du bureau 112 à Roubaix…

Le bureau 112 à Roubaix, c’est un secteur tarabiscoté, qui part du haut de la rue d’Hem, qui englobe tous les immeubles autour du parc de la Potennerie, puis qui se prolonge le long de la rue Dupuy de Lôme et de la rue de la Potennerie pour caresser le boulevard de Reims. C’est un secteur relativement à l’aise à ses extrémités, mais sans extravagances; plutôt classes moyennes, parfois modestes voire très modestes dans son centre, et qui flirte avec la pauvreté et la misère dans certaines rues dégradées.

Et ce bureau, situé à l’Ecole maternelle Lavoisier, pour la première fois aujourd’hui, c’est moi qui le présidais pour le 1er tour des Régionales 2015. Alors, qu’entend un président de bureau de vote pendant toute la journée, quand plus de 500 roubaisiens viennent exprimer leur point de vue et en profitent souvent pour engager la discussion, lâcher un commentaire, une remarque…?

La première chose que j’ai entendue, c’est « Où est Jean-Pierre », ou « Jean-Pierre nous manque ». Car, sans le savoir, j’ai été affecté au bureau mythique du récemment disparu Jean-Pierre Rousselle, celui qu’il a tenu pendant des années, lui, habitant du quartier, acteur associatif et municipal infatigable Autant dire qu’il connaissait personnellement une bonne moitié des électeurs…

la dernière apparition publique de Jean-Pierre Rousselle (photo Nord Eclair)

la dernière apparition publique de Jean-Pierre Rousselle (photo Nord Eclair)

Alors oui, mon coeur se serrait un peu chaque fois que j’ai entendu un « Ça fait tout drôle ce bureau sans Jean-Pierre »; ou un trentenaire me dire « Monsieur, c’est la première fois que je viens voter sans Jean-Pierre » (il faut croire d’ailleurs que beaucoup l’appelaient Jean-Pierre, ce qui ne m’étonne guère…). Il fallait être aujourd’hui au bureau 112 pour mesurer l’attachement que cet homme avait su créer. Evidemment, je mesure aussi l’honneur qui m’est fait de prendre sa place et sa présidence, et j’espère modestement réussir à lui succéder…

L’autre évidence de cette journée, c’était la mobilisation; et effectivement la participation finale a été de 39,5%, près de 4 points au dessus de la ville; où la participation a monté de 7 points par rapport à 2010. Ainsi, j’ai entendu des remarques comme « J’avais perdu l’habitude de voter, mais là… » , ou un autre électeur qui ne savait pas où il devait voter et qui avait fait 3 bureaux de vote avant d’arriver au 112, visiblement soulagé !

Non je n'ai pas vu une si vieille carte d'électeur ;)!

Non je n’ai pas vu une si vieille carte d’électeur ;)!

Les cartes d’électeur parlent aussi, et j’ai tamponné pour la première fois la carte de cette grand mère de 83 ans pourtant émise en 1997 ! Comme le notait au détour d’une discussion Florence Aubenas ce soir au Métropole, venue prendre la température du 2ème tour à Roubaix, « ça ne veut rien dire sur la raison pour laquelle les électeurs sont venus voter », en effet…

Et puis, aller voter c’est aussi un acte familial et intime; c’était plaisant de voir cette mère de famille essayer de voir si ses enfants étaient tous venus voter pour relancer ceux qui ne s’étaient pas encore déplacés; ou touchant de voir Mohand et Andrée, ce couple mixte des années 60, maintenant largement septuagénaire, venir voter ensemble…

Alors pour conclure, encore une citation en forme d’hommage entendue hier : « Oui, y’a du monde qui vote aujourd’hui, mais y’en a un qui nous manque, c’est Monsieur Rousselle; on lui rend aussi hommage en étant là ». Il n’aurait pas plus imaginer de plus bel hommage en effet je crois…

 

 

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