Je me garderais bien de m’immiscer dans la politique locale de Willems, dont j’ignore à peu près tout d’ailleurs.
Néanmoins, l’article de Nord-Eclair paru samedi 16 novembre, propos recueillis par Florent Moreau, m’a paru intéressant à plus d’un titre, pour ce qu’il révèle et souligne de l’évolution de la fonction du maire et du politique en général; et les remarques de Jocya Vancoillie me semblent assez pertinentes. Par exemple :
« Paul Deffontaine, les Willémois avaient l’habitude de le voir sur son tracteur. C’était normal, mais on n’est plus à cette époque-là. Je suis mère de famille, j’ai deux jeunes enfants et je n’ai pas la même façon de concevoir la fonction d’élue. Si on veut des élus normaux, accessibles, il faut qu’ils aient une vie normale. »
Effectivement, si l’on veut des élus qui nous ressemblent, il faut aussi accepter qu’ils aient un mode de vie qui nous ressemble. En clair, ils ont un boulot, une famille, et attendre d’eux une disponibilité permanente est illusoire et trompeur.
Plus en profondeur, le modèle de l’élu patriarche, qui veille sur son tracteur à la bonne marche de sa commune, personnellement c’est un modèle paternaliste que je récuse.
Enfin, la féminisation et le rajeunissement du personnel politique impliquent tout autant ce genre de conséquences.
» Je ne voulais pas être un maire qui demande à ses administrés de se mettre à ses pieds. Je ne suis pas le notable, la première magistrate qui octroie une entrevue le samedi. En plus, j’ai remarqué que ce créneau horaire n’était pas idéal, car il empêchait le maire d’être présent à certaines manifestations. J’ai donc institué la prise de rendez-vous. »
Jocya Vancoillie a à la fois tort et raison sur ce sujet. La « permanence » du Maire, c’est effectivement un peu aller à confesse, un peu comme la cérémonie où le vassal vient témoigner de sa soumission au suzerain. D’un point de vue personnel là aussi, je ne m’imagine pas faire la queue comme au guichet de la sécu si j’ai besoin de voir le maire, et il me semble en effet bien plus digne et efficace de prendre tout bonnement rendez-vous.
Il est cependant possible que la maire de Willems manque ici de sens politique. Instituer un rituel de contact direct, une possibilité de porte ouverte, c’est sans doute aussi constitutif du mandat de maire, qui est sans doute le seul responsable politique qui peut se targuer d’un vrai contact avec ses administrés.
« Ce que je veux dire par là, c’est que je considère qu’il s’agit d’un vote bidon. Que représentent treize personnes dans une commune ? Ce ne sont pas les militants socialistes qui doivent me juger, ce sont les Willémois. Si j’avais une déformation politicienne, j’aurais demandé à ma famille et mes amis de prendre une carte au PS avant le 6 avril, pour qu’ils puissent voter. »
Là, il est clair que Jocya Vancoillie oublie qu’être élue d’un parti, c’est respecter ou du moins jouer avec les règles du parti. Qu’elle considère que les manoeuvres d’appareil indispensables à la survie dans un parti structuré ne sont pas sa tasse de thé, c’est parfaitement entendable et légitime. Mais elle doit alors assumer une candidature sans étiquette. Ses adversaires internes ont clairement mieux manoeuvré qu’elles, elle n’a pas beau jeu de remettre en cause la légitimité du vote des militants PS.
En clair : oui, même dans une commune de la taille de Willems et ses 3015 habitants, il faut reconnaître que vouloir détenir et conserver un mandat politique nécessite parfois quelques procédés pas forcément élégants (encarter sa famille…) mais qui permettent de s’assurer la légitimité politique d’un parti avant de solliciter les suffrages des électeurs. Et n’est-ce pas finalement chose normale que d’estimer que le maire doit avoir ce type de compétences, lui dont le rôle sera entre autres de promouvoir, mettre en avant et défendre sa ville dans les décisions de la Communauté Urbaine, autrement plus retorse que la section locale du PS ?
On suivra donc avec intérêt la campagne à Willems…
Evolution du métier de Maire…
(Réaction de Paul Deffontaine aux réflexions intéressantes du blogueur Frédéric Minard)
Monsieur Minard, je vous remercie de réagir à l’article de Mme Vancoillie en date du 17 novembre dernier et je souhaite en premier lieu vous mettre en garde contre les fausses infos qui alimentent souvent la presse…
Ainsi je récuse totalement les termes de notable et de dynastie….
Partir d’un profil de « maire veillant de son tracteur à la bonne marche de sa commune » est une image totalement erronée que je laisse à l’appréciation des willemois . En effet, en trente ans de mandat, j’ai sans doute à trois ou quatre reprises sauté sur un tracteur de fermier complaisant pour faciliter des travaux lourds du personnel municipal et cela au bénéfice de la commune et de ses contribuables!
Je n’ai pas de tracteur et, en terme de notable, je suis fils de fermier, sixième enfant d’une fratrie de onze, ce qui a conduit mon père à m’orienter vers un métier manuel d’électricien évoluant ensuite vers le professorat.
J’ai donc eu une « vie normale » avec des enfants et maintenant des petits enfants je crois « normaux » eux aussi ,mais peut-être est-ce l’importance et la longévité de l’engagement associatif autant que municipal qui gênerait alors que l’on déplore aujourd’hui la diminution du bénévolat!!!
Vous évoquez ensuite le profil d’un maire dans ses relations avec la population:
« Attendre d’eux une disponibilité permanente est illusoire » dites vous , vous avez à la fois raison et tort… Il faut savoir garder raison » et la disponibilité permanente est incompatible avec nos statuts d’élus normaux » : seuls les prêtres revendiquent cet état lié au célibat avec les contraintes et inconvénients induits.
Raison toutefois, lorsque vous lui recommandez de développer « de vrais contacts avec ses administrés »
Tort, si vous réduisez ses contacts à la seule permanence bien brocardée par Jocya et vous même!!
Interrogez les maires qui tiennent des permanences ils vous diront la même chose parce que vécu constamment , c’est un fantasme de croire que nos administrés viennent « se mettre au pied du maire ,ou jouent le vassal témoignant de sa soumission à son souverain » il s’agit presque régulièrement de confrontation ,de réclamation à caractère très énergiques!!!
Je crois personnellement que le contact doit revêtir des formes multiples et lié à la vie du village pour être vrai : permanences certes , rendez vous-appels téléphoniques certes, mais aussi interpellation directe sur les différents lieux de vie-.
Par contre, fonctionner essentiellement sur prise de rendez-vous provoque de la distance et donne plus l’image du notable alors que le contact direct, la proximité, la simplicité de l’interpellation sont les caractéristiques d’une communauté qui souhaite conserver son caractère de village.
Enfin sur « le vote bidon » des militants, le propos est trop facile après le résultat…. Il s’agit du vote de 13 militants reconnus et tous adhérents depuis plusieurs années , d’ailleurs, côté amusant le dernier adhérent en date n’est autre que le compagnon de Jocya Vancoillie…
Le choix de ces 9 militants a été dicté par le soucis de présenter aux électeurs l’équipe capable de gagner parce que chacun est à la place qui le rend le plus efficace
Sans remettre en cause les compétences administratives de madame Vancoillie, les capacités relationnelles d’Angélique Deffontaine (importantes au poste de maire)ont été estimées plus performantes pour un meilleur gage de succès.
Si comme vous en manifestez l’intention vous suivez la campagne des municipales de Willems, vous constaterez assez vite que l’expression des 9 militants PS n’est pas isolée , elle est assez largement partagée à commencer par les membres du conseil municipal sortant….
Paul Deffontaine