Oui, la « Nuit des Arts » est sans doute un des événements les plus sympathiques du calendrier roubaisien, et l’édition de décembre 2014 n’a pas dérogé à la règle. C’est ce moment magique où, même à une heure avancée, les lieux culturels roubaisiens sont remplis, et où presque toute la ville devient un lieu culturel, que ce soit un restaurant, un centre d’affaire, une ancienne forge ou l’hôtel de ville 🙂
Je vous livre ici mon week-end en 10 moments, par forcément les meilleures expos ni les plus belles oeuvres, mais les endroits et les rencontres qui m’ont le plus marqué. Désolé pour les autres lieux que je n’ai pas inclus, ou ceux que je n’ai pas pu aller voir; ce sera pour la prochaine fois !
1. Le lancement chez Laurent Houssin
Laurent Houssin avait invité près de 60 artistes à exposer à « La Porte à Côté », c’est à dire en gros dans son couloir. Et c’est bien sûr extrêmement sympatique de voir tout ce beau monde les uns à côté des autres sur les murs, les portes, le plafond, dans le salon. Je retiens la belle sculpture de Delphine Vanpoperinghe avec qui j’ai longuement discuté (Delphine, pas la sculpture, enfin vous aviez compris).

Delphine Vanpoperinghe
2. A l’inauguration du Salon des Artistes Roubaisiens
C’est une institution, qui en est à sa 85ème édition, et c’est avec une vraie émotion que je l’ai inauguré dans la salle Pierre de Roubaix de l’hôtel de ville. Un moment d’histoire de la ville, mais surtout beaucoup de monde et un vrai plaisir des artistes de voir leur oeuvres présentées…

Au Salon des Artistes Roubaisiens
3. Un déjeuner au Métropolitain
Oui, les restaurants sont pleins pendant ce week-end à Roubaix, et c’est tant mieux. En plus, quand ce sont ceux qui participent et qui exposent, c’est encore mieux. Au Métropolitain, on mangeait sous l’inspiration street art de 4letters, et c’était un plaisir…

4letters au Métropolitain
4. Découvrir un nouveau lieu, le « 52 »
C’est au 52 de la rue du chemin de fer, non loin de la place de la gare, que Régis Marie a mis en place 2 superbes installations; l’une, Eco-Cimetière; l’autre, Tut tut vroom vroom, tournée pendant un embouteillage. Une vraie vision forte, un lieu et un artiste à découvrir.

Régis Marie
5. L’herbe rouge, chez Arielle Lévy
D’abord parce que c’est toujours une joie de discuter avec Arielle, qui vient de recevoir de la CCI le Mercure d’Or 2014 dans sa catégorie, et dont l’énergie et la motivation à faire avancer le projet de L’herbe rouge font plaisir à entendre. Mais aussi pour le succulent buffet vietnamien qu’avait préparé sa stagiaire, et surtout pour les magnifiques photos patrimoine de Victor Cavasino, une belle découverte.

Victor Cavasino
6. La Piscine
C’est bien sûr le centre névralgique de cette nuit des arts, et hier soir il y avait 2 belles nouveautés à y découvrir : d’abord le traditionnel « Arbre de Noël » de la Piscine. Enfin, pas si traditionnel que ça. Depuis plusieurs années, la Piscine invite un artiste à mettre en place une installation sur ce thème. Bien peu choisissent un arbre, et Pierre-Alexis Deschamps cette année n’a pas failli à cette tradition, puisque c’est une sorte d’assemblage de séchoirs qui tient lieu d’arbre. Personnellement, l’oeuvre m’a parlé et m’a touché, mais d’autres ne sont pas du même avis…Faites vous votre propre idée !

La Buanderie, Pierre-Alexis Deschamps
Et puis c’était l’inauguration de la 2ème exposition de la série « l’Adieu aux armes » sur la guerre de 14-18, cette fois avec Délit Maille et son extraordinaire armée de soldats en laine. On pressentait sur les photos et les extraits déjà vus que ça allait être remarquable, mais on était en dessous de la vérite. La force émotionnelle de ces soldats qui sont loin d’être des poupées est incroyable, il faut l’admirer en détail, se mettre au niveau du sol, et penser aussi à ces 500 tricoteuses du monde entier qui se sont réunies pour aboutir à cette oeuvre. A voir d’urgence

Délit Maille
7. Le Camion
Il faut aller jusqu’à la rue Archimède où se situe le Camion, vraiment. Parce qu’on y découvre un autre Roubaix culturel. Un peu moins clinquant, un peu plus roots, un peu plus vrai et authentique sans doute. Des enfants du quartier vous indiquent dans la cour que le lieu d’expo est à l’étage. Et là, dans cette salle sans glamour qui nous rappelle très directement que le lieu est une ancienne école, les formidables photos Instagram de Jean-François Deroubaix, un ancien photographe de chez Gamma qui s’est reconverti dans les photos d’entreprise, et dans la publication directe sur Instagram de scènes de vie. Fascinant.

jean-François Deroubaix
8. Le Non-Lieu
Changement complet d’atmosphère, bain de foule dans une ambiance industrielle, rock, alternative, avec plus de 60 artistes qui exposent leurs petits formats dans tous les recoins de la forge Cavrois Mahieu. Ca fourmille d’idées et de gens dans tous les sens, la musique est forte, la bière coule à flot, on discute avec les artistes, les oeuvres présentées sont très abordables, on ne se prend pas la tête, on passe un excellent moment. Les installations sont souvent malignes, comme ce mur d’autoportrait pris sur le vif par Régis David, ou les architectures urbaines miniatures de Pat Lesza…

L’ambiance indus du Non Lieu

Pat Lesza
9. La Condition Publique
Comment oublier dans cet itinéraire la Condition Publique, puisque c’est là que se passe LA braderie de l’art, l’événement majeur de cette Nuit des Arts, qui attire année après année des milliers de personnes, toujours attirées par cette création sur le vif, par ce contact direct avec l’artiste, par l’ambiance unique des gens et du lieu, par le principe de l’utilisation de matériau recyclés, aussi par les prix somme toute modiques, par la variété des propositions artistiques…Un grand coup de chapeau à la #BDA !
Un exemple emblématique de tout celà : une chaise en bouchons de liège…

Du mobilier de recyclage à la Braderie de l’Art…
10. Le Conservatoire
Puisque toutes les bonnes choses ont une fin, le pot de clôture de cette Nuit des Arts se déroulait au Conservatoire de Roubaix, qui accueillait pour la première fois une exposition, et laquelle ! C’est le plasticien Nicolas Tourte qui avait invité une vingtaine d’artistes à investir les lieux pour son exposition « Dakota », et c’était un enchantement de voir comment les oeuvres sélectionnées dialoguaient avec les lieux de ce conservatoire superbement rénové. Les Phalènes sur les murs de l’escalier, légères et poétiques; ou cette vidéo projetée très exactement sur un imposte intérieur m’ont plongé dans une réelle contemplation…

Phalènes

L’installation 888 de Nicolas Tourte dans l’Auditorium
Conclusion
La Nuit des Arts, en quelques années, est devenu un événement culturel majeur de Roubaix, à l’occasion de laquelle de nombreux métropolitains la découvrent sous un jour souvent inédit. Au delà du rayonnement culturel qu’elle assure et qui me ravit, il y aussi un effet d’entraînement sur l’activité de la ville, commerce, restauration, qui est indéniable. C’est enfin une occasion qui tisse les liens entre des acteurs très divers et permet une réelle coopération. C’est une opération précieuse qu’il faudra veiller à développer encore.