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La recette d’une saison réussie au Colisée – Théâtre de Roubaix

mot d’accueil des 2 soirées de présentation de la saisons 2016-2017 du Colisée, les 24 et 25 mai 2016

Nous fêterons donc ensemble cette saison les 90 ans du Colisée de Roubaix; et donc, c’est à peu près la 90ème fois ou presque qu’un adjoint à la Culture de la Ville prend la parole devant les spectateurs du Colisée réunis pour l’annonce de la prochaine saison …

Alors pour fêter cet anniversaire, j’ai décidé de vous livrer quelques secrets; et de partager avec vous la recette du Colisée, cette recette si particulière, au goût inimitable – et pourtant beaucoup s’y sont essayés ou s’y essaient encore…, qui permet, année après année et depuis si longtemps, de vous concocter un programme qui attire toujours plus de monde.

La recette, elle est très simple : du travail, de la passion, de l’intuition, et de l’ambition.

Du travail bien sûr, parce que vous imaginez bien qu’assembler plus de 52 spectacles, 90 représentations, 3 lieux, cela implique de grands efforts, de longues réunions, des contrats à gogo, d’innombrables mails; bref une année de dur labeur.

Mais cette année de labeur n’a de sens que parce que tous ici sont guidés par l’amour de leur métier et par la passion du spectacle, du partage, de la joie d’être ensemble et de vous accueillir. Et aussi, ne l’oublions par la passion pour accompagner les artistes, les découvrir, les guider, les encourager; et finalement leur permettre de donner sur scène le meilleur de leur art

De l’intuition aussi, car il n’y a pas de science exacte de la programmation; un artiste qui tourne à guichets fermés pour un spectacle peut faire un four avec le suivant; personne ne peut prévoir ce qui va plaire ou pas; nous nous posons sans arrêt mille questions pour deviner ce qui va vous plaire et quels spectacles en vaudront vraiment la peine; nous espérons cette année encore que cette intuition ne nous aura pas trop fait défaut.

Colisee saison 1617

Et enfin, de l’ambition; car croyez moi il en fallait pour avoir l’idée de faire de la salle de spectacles de l’Epeule à Roubaix le plus grand théâtre au Nord de Paris; de l’ambition il en fallait pour se dire que plus de 100 000 spectateurs y viendraient chaque année; et cette ambition vous la partagez avec nous puisque chaque année, de plus en plus d’abonnés nous rejoignent et soutiennent la programmation du Colisée.

Alors voilà, pour la 90ème fois ou presque, nous vous présentons ce soir le fruit de cette recette simple et espérons que ce travail, cette passion, cette intuition et cette ambition, vous serez encore nombreux et pour très longtemps à la partager avec nous ce soir !
Je vous souhaite une excellente saison 2016-2017 au Colisée !


le lien sur le site du Colisée pour avoir toute la programmation 2016-2017

Présider la Commission Culture de « France Urbaine »…

Il y a un an et demi, je ne connaissais pas même France Urbaine (qui s’appelait à l’époque l’AMGVF, l’Association des Maires des Grandes Villes de France; qui a fusionné depuis avec l’ACUF, l’association des Communautés Urbaines de France, pour former France Urbaine), et je n’avais qu’une très vague idée de ce à quoi servaient les « associations d’élus », au delà d’un lobbying pour leur cause, mais cela restait très virtuel.

franceurbaineune

Cela a bien changé aujourd’hui, et je me suis retrouvé la semaine dernière, hasard des calendriers et des grèves des transports des présidents en titre, à présider par intérim la Commission Culture de France Urbaine. De quoi s’agit-il et à quoi ça sert ?

Les rôles des associations d’élus sont multiples, mais les principaux sont l’échange d’information avec le gouvernement et les différents services ministériels, dans le cadre de l’élaboration des projets de loi, ou dans la remontée des informations et des points de vue des membres ; et pour ce faire au préalable, la détermination d’un point de vue des membres de l’association et d’un consensus ; ou encore l’échange de bonnes pratiques.

L'entrée du Conservatoire de Roubaix  (photo Empreinte paysage)

L’entrée du Conservatoire de Roubaix (photo Empreinte paysage)

L’ordre du jour de la réunion de cette semaine était un bon exemple de la valeur ajoutée que peut avoir cette association. Les sujets étaient des sujets d’actualités, avec par exemple les modalités du retour de l’Etat dans le financement des Conservatoires ; ou le fonctionnement du Fonds d’urgence d’aide aux salles de spectacles suite aux attentats de novembre 2015. Nous avons pu bénéficier d’un dialogue direct avec les responsables de ces dossiers au Ministère de la Culture, avons pu poser les questions qui nous préoccupaient, et finalement mieux comprendre le sens des mesures en cours d’élaboration, et avons pu ainsi anticiper certaines actions que nos Conservatoires devraient mener. Et cela n’est possible que par l’intermédiaire de telles associations, on comprend bien que le Ministère de la Culture ne pourrait pas avoir cet échange avec chaque ville ; et que les DRAC, bras armé du ministère en région, ne peuvent pas donner d’informations sur ce qui n’est pas encore officiellement décidé.

Mais au-delà de ce contact direct avec la « fabrique de la loi », c’est aussi l’occasion d’échanger avec ses homologues, de partager des points de vue, de découvrir d’autres organisations et manière de faire. Et parfois même, paradoxalement, d’échanger avec des villes proches, de la région, dont on n’avait pas eu l’occasion de rencontrer les élus ou les services, et avec lesquelles on se découvre des pistes de travail en commun.

Alors oui, décidément, présider cette commission culture, c’était une vraie valeur ajoutée et un réel moment d’échange.

Les curieux pourront même trouver sur ce lien le compte-rendu de la réunion, (presque) comme si vous y étiez !

Régionales : chroniques du bureau 112 à Roubaix…

Le bureau 112 à Roubaix, c’est un secteur tarabiscoté, qui part du haut de la rue d’Hem, qui englobe tous les immeubles autour du parc de la Potennerie, puis qui se prolonge le long de la rue Dupuy de Lôme et de la rue de la Potennerie pour caresser le boulevard de Reims. C’est un secteur relativement à l’aise à ses extrémités, mais sans extravagances; plutôt classes moyennes, parfois modestes voire très modestes dans son centre, et qui flirte avec la pauvreté et la misère dans certaines rues dégradées.

Et ce bureau, situé à l’Ecole maternelle Lavoisier, pour la première fois aujourd’hui, c’est moi qui le présidais pour le 1er tour des Régionales 2015. Alors, qu’entend un président de bureau de vote pendant toute la journée, quand plus de 500 roubaisiens viennent exprimer leur point de vue et en profitent souvent pour engager la discussion, lâcher un commentaire, une remarque…?

La première chose que j’ai entendue, c’est « Où est Jean-Pierre », ou « Jean-Pierre nous manque ». Car, sans le savoir, j’ai été affecté au bureau mythique du récemment disparu Jean-Pierre Rousselle, celui qu’il a tenu pendant des années, lui, habitant du quartier, acteur associatif et municipal infatigable Autant dire qu’il connaissait personnellement une bonne moitié des électeurs…

la dernière apparition publique de Jean-Pierre Rousselle (photo Nord Eclair)

la dernière apparition publique de Jean-Pierre Rousselle (photo Nord Eclair)

Alors oui, mon coeur se serrait un peu chaque fois que j’ai entendu un « Ça fait tout drôle ce bureau sans Jean-Pierre »; ou un trentenaire me dire « Monsieur, c’est la première fois que je viens voter sans Jean-Pierre » (il faut croire d’ailleurs que beaucoup l’appelaient Jean-Pierre, ce qui ne m’étonne guère…). Il fallait être aujourd’hui au bureau 112 pour mesurer l’attachement que cet homme avait su créer. Evidemment, je mesure aussi l’honneur qui m’est fait de prendre sa place et sa présidence, et j’espère modestement réussir à lui succéder…

L’autre évidence de cette journée, c’était la mobilisation; et effectivement la participation finale a été de 39,5%, près de 4 points au dessus de la ville; où la participation a monté de 7 points par rapport à 2010. Ainsi, j’ai entendu des remarques comme « J’avais perdu l’habitude de voter, mais là… » , ou un autre électeur qui ne savait pas où il devait voter et qui avait fait 3 bureaux de vote avant d’arriver au 112, visiblement soulagé !

Non je n'ai pas vu une si vieille carte d'électeur ;)!

Non je n’ai pas vu une si vieille carte d’électeur ;)!

Les cartes d’électeur parlent aussi, et j’ai tamponné pour la première fois la carte de cette grand mère de 83 ans pourtant émise en 1997 ! Comme le notait au détour d’une discussion Florence Aubenas ce soir au Métropole, venue prendre la température du 2ème tour à Roubaix, « ça ne veut rien dire sur la raison pour laquelle les électeurs sont venus voter », en effet…

Et puis, aller voter c’est aussi un acte familial et intime; c’était plaisant de voir cette mère de famille essayer de voir si ses enfants étaient tous venus voter pour relancer ceux qui ne s’étaient pas encore déplacés; ou touchant de voir Mohand et Andrée, ce couple mixte des années 60, maintenant largement septuagénaire, venir voter ensemble…

Alors pour conclure, encore une citation en forme d’hommage entendue hier : « Oui, y’a du monde qui vote aujourd’hui, mais y’en a un qui nous manque, c’est Monsieur Rousselle; on lui rend aussi hommage en étant là ». Il n’aurait pas plus imaginer de plus bel hommage en effet je crois…

 

 

Journal d’un élu en état d’urgence, Jour 6 : les annulations

A la une de mon journal local favori, la polémique sur les annulations.. Je dois avouer que les bras m’en tombent. Au beau milieu de la tourmente actuelle, certains reprochent donc aux municipalités et autres d’annuler des événéments. Il ne faut vraiment avoir aucune idée de ce que signifie être un acteur public, responsable de la sécurité de ses concitoyens, pour faire ce reproche.

L'affiche de l'édition 2011

L’affiche de l’édition 2011

Oui, en tant qu’adjoint à la Culture, je pourrais effectivement déplorer l’annulation de l’intéressant Festival du Dessin de Presse de Tourcoing. Mais en tant qu’élu tout court, comment ne pas comprendre que, si la Ville de Tourcoing a estimé que ce Festival présentait un risque non négligeable, elle a eu raison de ne pas courir et faire courir ce risque à ses habitants ? Ce n’est pas non plus une censure, qui pourrait croire que la Ville ait peur de l’expression des dessinateurs. Mais les mots ont un sens et un poids, nous sommes en état d’urgence, cela a malheureusement quelques conséquences fâcheuses.

De la même manière, les étudiants de Roubaix nous ont sollicité cette semaine pour organiser une marche et une manifestation de recueillement en mémoire des victimes du 13 novembre. Si la démarche était bien sûr sympathique et partait d’un bon sentiment, nous avons cependant préféré ne pas y donner suite, en application des consignes de la Préfecture, et surtout parce qu’il apparaît évident qu’un rassemblement public sur ce sujet représente un risque, qu’on le veuille ou non, difficilement contrôlable. Les étudiants l’ont entendu fort heureusement…

Journal d’un élu en état d’urgence – Jour 5

Grosse rechute pour ce 5ème jour de l’état d’urgence, et l’actualité nous prend à nouveau froid en direct de St Denis dès le petit matin. Sur le moment, on ne comprend pas trop ce qu’il s’y passe, les informations sont partielles, contradictoires, peu lisibles; mais on comprend bien que c’est du lourd, du très lourd. Et on est de tout coeur avec les habitants, les voisins, les travailleurs de St Denis qui passent des moments si difficiles, et qui vont mettre des jours, des mois, des années à s’en remettre…

Au beau milieu du bruit et de la fureur, on appréciera le tweet plein d’à propos et particulièrement laconique du Centre des Monuments Nationaux concernant la basilique de St Denis :

Ou un très bel exemple d’understatement…

On a beaucoup commenté aussi la mort de Diesel, la chienne du Raid, sur les réseaux sociaux. Les uns la déplorant et s’en émouvant; les autres déplorant qu’on s’en émeuve. En ce qui me concerne, je dois avouer que cette nouvelle m’a simplement touché. Je sais bien que 130 victimes sont tombées ce week-end à Paris, terrible drame qui endeuille des familles entières, mais pourquoi nier que la mort d’un animal, à son niveau, peut aussi être émouvante ?


Assaut à Saint-Denis: Une chienne policière du… par 20Minutes

Un entrefilet de la presse locale nous annonce aussi que la Zombie Walk de Lille, qui avait déjà été reportée d’octobre à novembre, est cette année finalement annulée. A vrai dire, au vu du mauvais goût assumé de la manifestation, il ne faisait guère de doute que ce n’était pas le bon moment pour le faire. L’occasion de se dire aussi que la mini polémique de l’an dernier qui m’avait inspiré ce billet de blog était finalement bien anecdotique au regard de la tragique actualité de cette année…

Zombie Walk Lille 2013, photo page Facebook Zombie Walk Lille

Zombie Walk Lille 2013, photo page Facebook Zombie Walk Lille

Vive Miss Roubaix Métropole 2016 !

Depuis plus d’un an, j’ai croisé à de très nombreuses reprises Miss Roubaix Métropole et ses dauphines dans de nombreuses occasions culturelles, festives ou protocolaires de la Ville de Roubaix. C’est toujours un moment de charme, de bonne humeur et de sympathie que d’être pris en photo avec elles; et immanquablement je me retrouve sur la page Facebook de Miss Roubaix, ce qui me vaut toujours quelques commentaires amusés et sympathiques.
L'affiche de l'édition 2016, avec une photo signée Pierre Magne

L’affiche de l’édition 2016, avec une photo signée Pierre Magne

Il était donc normal qu’aujourd’hui ce soit mon tour de venir à ce grand moment annuel que constitue l’élection de Miss Roubaix Métropole 2016, et de témoigner de ma joie de participer à cette grande fête, et donc de leur délivrer quelques messages.
Tout d’abord, je voudrais leur signaler ce que le nom même de « Miss Roubaix Métropole » implique. Oui, pendant un an, une de ces jeunes filles va représenter notre ville; son image sera associée à celle de la ville dont je suis élu, et pour reprendre les termes du règlement du concours, elle devra « se comporter en toutes circonstances avec grâce, élégance et dignité ». C’est à la fois un honneur, une chance mais aussi une responsabilité importante.
Je me félicite d’ailleurs de voir que le concours « Miss Roubaix Métropole » mérite bien son nom, et que si bien sûr des candidates viennent de Roubaix, elles viennent aussi de Leers, de Lille, de Tourcoing, de Hem, de Wattrelos, de Villeneuve d’Ascq, de St André lez Lille, de Marquette, ou encore de Mons en Baroeul.

S’il fallait une preuve supplémentaire du rayonnement et de l’attractivité de notre ville, je pense que ce concours est là pour nous la fournir. L’attractivité ce n’est pas qu’avoir le 1er musée de province, le plus grand théâtre au Nord de Paris ou un Centre Chorégraphique National, c’est aussi donner envie à toutes les jeunes filles d’une région de participer à ce concours et de porter le nom, le beau nom de notre ville.
On se souvient aussi qu’après l’élection de Camille Cerf en tant que Miss France 2015, certains responsables politiques locaux s’étaient posé la question de l’intérêt d’accueillir dans leur ville la cérémonie de Miss France 2016.
C’est une question que je ne me suis pour ma part jamais posée, et j’aurais adoré que la cérémonie puisse avoir lieu au Colisée de Roubaix par exemple.
La cérémonie est maintenant prévue le 19 décembre 2016 au Zénith de Lille, le Colisée aurait de toute façon été un peu trop exigu pour accueillir la cérémonie; et je maintiens que les concours de Miss et autres concours de beauté sont des moments importants dans la vie d’une ville ou d’une communauté. Se choisir des représentants, les faire participer à la vie de la Cité, c’est aussi une manière de mettre en valeur les talents des jeunes filles de nos villes,
d’intéresser les jeunes et de distinguer les talents.
A vrai dire, cela n’est pas vraiment nouveau; et un adjoint à la culture un peu plus érudit que moi aurait pu dissserter sur Athénée de Naucratis, qui dès le 3ème siècle après Jésus Christ, écrivait déjà dans les Deipnosophistes sur les concours de beauté de la ville d’Elis, dont le 1er prix se voyait confier les vases sacrés de la déesse, et le 2ème prix l’honneur de conduire le boeuf sur l’autel du temple…
Rassurez-vous, Les temps ont bien changé depuis le 3ème siècle, et nous ne demanderons pas à la 2ème dauphine de conduire un boeuf dans la ville,
Pour conclure, je voudrais juste citer la fin du dossier de candidature du Comité MIss Roubaix Métropole, qui rappelle à toutes les candidates que « Etre Miss n’est pas un métier, c’est un concours de beauté qui porte les valeurs de beauté, d’élégance, d’humilité et d’exemplarité »
Je sais bien qu’il ne pourrait y avoir qu’une gagnante et une seule, mais si ce concours Miss Roubaix inspire de plus en plus de jeunes de nos villes à plus de beauté, d’élégance, d’humilité et d’exemplarité, il aura parfaitement rempli sa mission, et je suis sûr que les 16 candidates de ce soir sauront vous en convaincre.
je vous remercie, vous souhaite à tous une très bonne soirée, souhaite bonne chance aux 16 candidates et n’aie qu’un mot à leur dire : à bientôt dans les cérémonies roubaisiennes, et que la meilleure gagne !

 

(discours prononcé pour le lancement du Concours Miss Roubaix Métropole 2016, le samedi 21 novembre 2015, salle Watremez)
Les fans de concours de Miss retrouveront le déroulement complet de la soirée dans le Storify suivant :

Journal d’un élu en état d’urgence – Jour 4

La matinée du 4ème jour commencerait presque innocemment, pour un élu à la culture, par l’Assemblée Générale de Lille3000. Mais Ivan Renar, le président de l’association, pape et vieux routier de la vie culturelle du Nord Pas de Calais, démarre bien sûr la réunion par une minute de silence en mémoire des victimes des attentats, et y associe aussi les salariés de Lille3000, qui partagent le bureau en open space à Euralille. Pendant ce moment de recueillement et de retour sur soi-même, il me vient à l’esprit que ce n’est sans doute d’un début, et qu’il y aura encore bien d’autres minutes de silence…

Ivan Renar

Ivan Renar

Didier Fusillier, dorénavant conseiller artistique de Lille3000, note dans son intervention que, malgré un certain nombre d’annulations de spectacles pendant le week-end, ceux qui ont été maintenus ou les expositions qui sont restées ouvertes n’ont pas connu de baisse de fréquentation, et se félicite que les métropolitains et les touristes aient gardé l’envie de sortir. C’est effectivement ce qu’on a constaté le week-end précédent au Musée La Piscine.

Didier Fusillier, directeur de la Maison des Arts de Créteil, pose dans son établissement. Créteil le 15/03/2012 Photo François Bouchon / Le Figaro

Didier Fusillier, directeur de la Maison des Arts de Créteil, pose dans son établissement.
Créteil le 15/03/2012
Photo François Bouchon / Le Figaro

Le soir, j’avais prévu de longue date d’assister à la représentation de Nelson, la pièce portée par Chantal Ladesou, au Colisée. Au vu des circonstances, il paraît indispensable de prendre la parole avec la représentation, et c’est tout naturellement que je propose à Guillaume Delbar, le Maire de Roubaix, de le faire. Il accepte bien volontiers, et nous voilà à 20h30 devant 1800 personnes, salle comble.

Les balcons du Colisée, version tricolore...

Les balcons du Colisée, version tricolore…

Pour l’occasion, j’avais suggéré aux équipes du Colisée de projeter les couleurs bleu blanc rouge sur le rideau du théâtre, c’était techniquement compliqué, mais ils ont fait encore mieux : colorer les balustrades art déco du Colisée. Le rendu est superbe, et c’est dans cette magnifique salle que nous expliquons à un public convaincu d’avance que le maintien des spectacles, même comiques, est notre manière de rendre hommage aux victimes des attentats du 13 novembre, à qui bien sûr nous dédions la représentation…

devant le rideau...

devant le rideau…

Journal d’un élu en état d’urgence – Jour 3

On pouvait croire que la fin du week-end et le retour au travail allait remettre un peu de normalité dans nos vies, mais c’était bien sûr une illusion.

Parce qu’en arrivant au bureau, un mail de nos actionnaires allemands, fort attentionnés, nous assurait de leur soutien dans ces moments difficiles. Je crois que c’était la première fois qu’ils s’exprimaient directement à tous leurs salariés français

Puis aussi parce que, un peu partout, des minutes de silence étaient organisées à 12h. Il faut le dire, les entreprises n’ont pas ce savoir faire; celle organisée au bureau manquait singulièrement de solennité et de grandeur, les gens ne savaient pas où la faire, que dire, comment se comporter, et ça diminuait de beaucoup l’impact; alors que celles de la place de la République à Lille ou à la Grand Place de Roubaix avaient du chien.

Aussi parce que, d’un point de vue plus personnel, ce 3ème jour de l’état d’urgence s’est en partie passé en visite à l’hôpital de Roubaix; ce qui relativise toujours beaucoup les événements extérieurs, et me donne une nouvelle fois l’occasion de saluer l’efficacité, le professionnalisme et le dévouement des personnels de santé de l’hôpital.

Enfin parce que, cerise sur le gâteau, diamant qu’on ne s’attendait plus à trouver, le discours du Président de la République au Congrès était juste époustouflant. La dramatisation, le contexte, l’émotion, les mesures concrètes, une fin extraordinaire et une Marseillaise à l’unisson du Président et des Parlementaires. J’en frissonne à l’écrire.


Le président et le Parlement entonnent la… par elysee

Journal d’un élu en état d’urgence – jour 2

Déjà le 2ème jour. Peut-être celui où l’on commence vraiment à réaliser. A réaliser que près de 130 victimes sont tombées, d’imaginer ce que cela représente. Et qu’avec les blessés, c’est près de 500 personnes qui ont été touchées. Affolant, tout simplement. A peine concevable. Ce sont des chiffres et des images de pays en guerre, pas de la France que je connais.

Paradoxalement, par rapport à la lourde ambiance parisienne, Roubaix m’apparaît presque comme un havre de paix et de tranquillité, dans laquelle on sort encore sans arrière-pensées, même un jour comme aujourd’hui.

Par un effet psychologique bizarre de compensation, je suis pris d’une frénésie de ménage, de nettoyage, de javelilsation. Un jour peut-être j’en comprendrai le sens.

https://twitter.com/Fredrbx/status/666952372804042754

Mais l’après-midi, alors que nous avions prévu de prendre un café à la très sympathique Bulle du 27 ( le nouveau bar salon de thé du Vestiaire, rue de l’Espérance), force est de constater que le sujet des attentats est le premier et presque le seul abordé par tous les gens que nous croisons. Et c’est bien normal, voire salutaire, que chacun s’exprime, échange, et fasse ainsi un bout de chemin psychologique.

 

En fin d’après midi, je passe au Musée La Piscine, témoigner présence et soutien aux personnels municipaux, et expliquer le sens de l’ouverture de l’équipement en période de deuil national. Nous avons en effet considéré que les manifestations festives n’avaient plus lieu de se tenir, mais que les autres activités culturelles, pour peu qu’elles soient empruntes de recueillement, n’avaient pas vocation à être annulées, d’où le maintien de l’ouverture du musée et de l’exposition Chagall. Le message passe bien, et auprès des visiteurs, la légère attente due aux contrôles et au portique de sécurité ne pose plus de problème à personne…

photo Voix du Nord

photo Voix du Nord

 

Journal d’un élu en état d’urgence – Jour 1

Comme une très désagréable et morbide impression de déjà vu vendredi soir, avec un fil twitter qui s’emballe, les mauvaises nouvelles qui s’accumulent et qui enflent, le bilan de victimes qui augmente au fur et à mesure et l’impression de ne pas savoir où tout cela va s’arrêter…Parfois il vaut mieux aller se coucher, au risque d’être hypnotisé par l’information en continu, et en sachant que le sommeil ne sera pas serein…

Et effectivement, l’information comme un coup de massue au réveil samedi matin. 128 morts, plus de 300 blessés. Le cauchemar était donc réalité. Mais l’élu que je suis n’a pas eu le temps de penser à ces victimes, à leur douleur, aux situations d’horreur qu’ils ont vécu. Ou plutôt j’ai préféré me concentrer sur d’autres sujets. Fallait-il ouvrir les équipements culturels municipaux ? Quid des concerts et animations prévues ce week-end ? Pendant toute la journée, les questions se sont succédées, auxquelles il a bien fallu apporter des réponses au fur et à mesure.

Au "désherbage" de La Grand Plage

Au « désherbage » de La Grand Plage

Déjà, avant 9h, se demander s’il fallait ouvrir la médiathèque La Grand Plage, qui organisait qui plus est son « désherbage » semestriel. En l’absence d’instructions précises si tôt dans la journée, il m’a semblé que les événements, dramatiques, n’impliquaient pas d’empêcher la lecture publique, donc ouverture de La Grand Plage. Même raisonnement pour le Musée et le Conservatoire. J’avais prévu de prendre mon petit déjeuner au « Coffee Book », le café de La Grand Plage, et c’est de là que je gère du mieux possible la situation, au contact des agents municipaux et du public, qui semblent apprécier que la vie de la médiathèque continue.

L'affiche de la soirée à La Cave aux Poètes

L’affiche de la soirée à La Cave aux Poètes

Rapidement, il apparaît que la soirée électro prévue à la Grand Plage semble bien délicate à maintenir, elle fait dramatiquement écho aux événements de la veille; c’est fort dommage car ce London Roubaix Unity Crew était prometteur; mais après échange avec les élus et le cabinet, nous estimons rapidement qu’elle ne peut pas décemment se tenir.

Joie de la vie d’élu, la presse locale est déjà là et me demande quelles décisions la ville va prendre alors qu’elles sont encore en pleine discussion; j’essaie de donner une version la plus claire possible même si tout n’est pas encore décidé; ce qui me semble préférable à un silence guère rassurant.

Au fur et à mesure de la matinée cependant, la situation se précise, des réunions en préfecture s’organisent, la position de la ville s’affine, et nous décidons finalement de supprimer toutes les animations et manifestations festives prévues ce week-end à Roubaix, en écho avec le deuil national décrété.

Une fois les décisions prises et annoncées, la pression retombe, l’émotion revient et me submerge, d’autant plus que les chaînes d’information égrènent les décès, les nouvelles dramatiques ou les détails affreux sur le déroulement des attentats. La journée sera longue. Il y a des soirées où l’on n’a pas le coeur à tweeter ou à poster des statuts sur Facebook. La lecture des achats au désherbage de La Grand Plage s’est imposée d’elle-même…