De retour dans « mon » bureau 112 après un léger changement pour les municipales, il était logique que ces Chroniques reprennent aussi.
Le temps passe vite, et l’objet qui était la star de mon dernier post, la trottinette, n’est déjà plus si nouveau ni si utilisé. Un seul électeur est venu en trottinette pendant la journée.
En revanche, le bureau de vote – et les électeurs – se sont musclés d’un point de vue sanitaire. Les masques ne posent plus question, le distributeur de gel hydro-alcoolique est utilisé spontanément, les styles sont désinfectés, ou amenés directement par les électeurs. Evidemment, la règle des 3 électeurs en simultané dans le bureau, pour 2 élections, a fait que parfois, une petite file d’attente s’est constituée à l’extérieur, de 4 à ou 5 personnes. On s’étonne quand même d’avoir entendu certains électeurs râler à ce sujet, alors qu’il faisait bon dehors et qu’il s’agissait au pire de quelques minutes d’attente…
On a fait pas mal d’éducation civique aussi ce 20 juin, que ce soit pour rappeler à certains électeurs parfois perplexes le rôle respectif des départements et des régions par rapport à la commune; ou pour les plus primo-votants ce qu’il convenait de faire avec ces drôles de feuilles de papier (réponse : choisir celle qui vous plaît, la plier en 4) et cette enveloppe (mettre la feuille de papier pliée dedans).
C’est à ce genre de détails qu’on voit aussi les progrès qu’on réalise, mais cette fois la ville, qui distribue des sandwiches aux membres du bureau de vote, a cette fois aussi organisé une collecte des sandwiches non consommés dans l’après-midi, pour pouvoir les redistribuer. Excellente initiative !
Ça y est, après une courte année de pause, je suis de retour à l’école Lavoisier pour présider le bureau 112.
Comme il se doit pour l’élection phare de la vie politique française, les électeurs sont aussi de retour en masse au bureau, et on ne chôme pas pour enregistrer près de 750 votes pendant les 11 heures d’ouverture de la journée. Cependant, avec du recul, ce n’est pas si extraordinaire que cela, cela représente quand même 40% d’abstention , et surtout c’est moins qu’en 2017 sur ce bureau (comme on se le rappelait ici), ce qui est un poil décevant à la fin de la journée.
image Outremer – La 1ère
D’autant que, 2ème enseignement de la journée, il y a un réel effort de mobilisation, et l’on voit venir de nombreux électeurs qui votent pour la première fois. Ce n’est certes pas surprenant, je l’ai déjà noté ici et là – et c’est tant mieux d’ailleurs, les électeurs qui sont “à vie” votant ou abstentionnistes sont une minorité, la plupart oscillent entre les 2 selon les élections, les candidats, leur vie du moment.
Mais cette fois-ci, c’était non seulement l’acte de vote à l’intérieur du bureau qu’il a fallu expliquer à certains, mais la notion même de bureau de vote, d’inscription préalable sur les listes, à des électeurs qui pensaient qu’un bureau de vote était une sorte de drive auquel on pouvait aller à volonté pour voter. On peut y voir sans peine les effets d’une surmobilisation d’électeurs abstentionnistes très éloignés du vote, et dont certains découvraient tout du vote.
Dans le bureau 112, la plupart de ces “nouveaux” électeurs étaient jeunes, mais il est toujours perturbant de voir un quadragénaire ou quinquagénaire arriver au bureau de vote et découvrir ce qui s’y passe. Perturbant, mais aussi assez satisfaisant pour le président du bureau et ses assesseurs, qui se disent que c’est peut-être la première de nombreuses fois, et qu’on a ainsi raccroché un électeur à la vie démocratique du pays.
Autre phénomène très présent pour ce premier tour, qui traduit un autre aspect de l’abstention : les électeurs bel et bien inscrits, qui connaissaient tout à fait les procédures, mais qui ne se souvenaient plus dans quels bureaux ils étaient inscrits, et qui passaient nous voir pour le savoir. Réelle amélioration pour leur répondre : le site “Interroger votre situation électorale” du ministère de l’intérieur qui permet de tout simplement de savoir si l’on est inscrit et si oui dans quel bureau l’on vote, et que j’ai utilisé de nombreuses fois ce dimanche.
Derrière, on devine un intérêt diffus pour la politique, une participation très intermittente aux élections, une sorte de “vote à la carte”, et après tout pourquoi pas, on n’est pas obligé d’être passionné et d’avoir une opinion sur les européennes ou les départementales; et le vote n’est pas obligatoire en France.
Cela dit, cet aspect administratif et technocratique de l’inscription préalable sur les listes électorales ( mais aussi de signaler le déménagement ) devient de plus en plus difficilement justifiable, sans parler de la radiation qui étonne toujours quand on l’explique à quelqu’un; et ce à l’heure où l’on dispose d’identifiant France Connect, où les impôts sont prélevés à la source sur le bulletin de salaire, on se demande vraiment si tout cela n’est pas inutilement compliqué et n’éloigne pas du vote un pan entier de nos concitoyens. La tribune de Céline Braconnier et Jean-Yves Dormagen, “L’inscription sur les listes électorales est une procédure d’un autre temps”, parue dans Le Monde le 1er mars 2022, résonne spécialement juste à mes oreilles…
Le Concert pour la paix en Ukraine, au Conservatoire de Roubaix ce soir, était un moment délicieux !
Né d’une initiative de différents musiciens et professeurs de la région, c’est tout naturellement que notre Conservatoire l’a accueilli, au profit de la Croix Rouge.
La composition du programme était très agréable, avec une succession de morceaux courts, mettant en valeur différents instruments de l’orchestre : les violons dans du Vivaldi, le piano avec Mozart, un très enlevé flûte et harpe toujours sur Mozart, un sublime Nocturne de Tchaïkovsky au violoncelle (bravo à Raphaël Zekri, violoncelle à l’ONL) et la clarinette encore sur Mozart.
Encadrant cette belle suite, l’adagio pour cordes de Barber, et la Pavane de Fauré, si mélancolique et distinguée.
Bravo donc à tous les musiciens qui se sont motivés et organisés pour ce concert, à toutes les équipes du Conservatoire pour l’accueil et l’organisation, et surtout au public venu nombreux salle Destombes, grâce auquel plus de 2000 € ont été réunis pour la Croix-Rouge !
Il y a des projets dont la maturation est longue, et qu’on a d’autant plus de plaisir à voir aboutir. C’était le cas samedi 9 octobre dernier au Colisée de Roubaix, où se déroulait le premier TEDxRoubaix (pour ceux qui ne sont pas familiers des conférences TED, un petit rappel ici par exemple, par l’organisateur Damien Selosse lui-même :
Le thème choisi par les organisateurs, « Futurs
désirables », était parfaitement dans l’air du temps, entre l’optimisme
dont on a bien besoin dans cette période de sortie de crise sanitaire, et le
positivisme qui est souvent la marque de ce genre de conférence.
Mais ce qui compte le plus, c’est d’avoir des orateurs bien
choisis, des thèmes variés, des interventions efficaces (car quand on enchaîne
11 interventions, il vaut mieux qu’elle soient bien effectuées…).
Fort heureusement, c’était bel et bien le cas au Colisée. Je retiendrai 5 orateurs qui m’ont spécialement marqué.
Le tout premier, d’abord, Stéphane Nau, qui, après un
démarrage très intime et personnel, nous a embarqué de suite dans une
intervention inspirante sur l’écoute, la méditation et l’importance de saisir
le moment présent si l’on veut se construire un futur.
J’ai aussi été particulièrement sensible à l’intervention de Mirabelle Kajenjeri (qu’on connaissait bien à Roubaix de par son cursus au Conservatoire et aussi grâce à son prix au Concours de piano international des Etoiles du Piano – dont le même Colisée de Roubaix accueillera le 20 novembre de récital de clôture pour l’édition 2021) non seulement pour ses beaux mots sur son parcours et la place de la musique dans celui-ci, mais aussi pour le superbe moment musical qu’elle nous a offert, en collaboration avec Frédéric Chopin.
Comment rester insensible à l’entrain et l’énergie incroyables d’Abderrahim Taoufiq-Allah, le CEO de FeedMi, sous la forme plutôt inhabituelle dans ce genre d’exercice d’un dialogue avec le coach Pierre ? Son engagement dans son projet, sa vision humaniste dans un secteur d’activité (la livraison à domicile) plutôt rude vis-à-vis des employés, c’est-à-dire des livreurs, et sa capacité à entraîner faisaient plaisir à entendre.
C’était un peu la star internationale de la soirée, et Carlos Moreno n’a pas déçu en délivrant avec brio un talk sur la « ville du quart d’heure », le concept qu’il a forgé et contribué à diffuser, et qui a redoublé de pertinence depuis la crise sanitaire, où nous nous sommes tous rendu compte de l’importance d’avoir à proximité les services principaux.
Et puis Stein Van Oosteren a conclu la soirée d’une manière enlevée en abordant l’histoire du vélo aux Pays-Bas et comment en se regroupant sous forme d’association les utilisateurs de vélo peuvent faire entendre leur voix au niveau local.
Un grand bravo bien sûr à tous les autres intervenants que je n’ai pas pu citer, mais qui ont contribué à rendre l’exercice réussi.
De manière générale, c’était pour moi ma première
participation à une conférence TEDx (après en avoir visionné une bonne quantité
sur Youtube), et j’avoue avoir passé une excellente soirée. Le format de 15
minutes permet à la fois d’avoir des interventions concises et
pertinentes ; la présentation sur scène devant près de 800 personnes au
Colisée oblige les orateurs à adopter une forme percutante et travaillée ;
et au global on sort ravi des expériences accumulées pendant la soirée ;
j’attends avec impatience une prochaine soirée semblable dans les
environs !
Ce que l’on apprend quand on devient élu d’une ville, c’est bien sûr de gérer les urgences, les imprévus, les coups du sort ou l’actualité brûlante; mais aussi à apprivoiser le temps long, à s’inscrire dans les pas de ses prédécesseurs, ou à impulser des changements qu’on espère durables.
Le majestueux décor peint saisit dès l’entrée. Photo A. Gadeau / ville de Roubaix
Ce matin, à St Joseph, c’est avec une grande joie que j’ai assisté à la cérémonie religieuse fêtant la réouverture du lieu après 7 ans de travaux. Et justement, il y a 7 ans, fraîchement élu adjoint à la Culture et au Patrimoine, c’était une des premières décisions qu’avec les autres élus concernés nous devions prendre : validions-nous cette enveloppe de travaux, à vrai dire tout à fait exceptionnelle, pour essayer de rendre à l’église St Joseph sa splendeur d’antan ? Car la splendeur avait presque complètement disparu. Les peintures s’écaillaient, la toiture fuyait, le clocher était en danger; c’était une opération de sauvegarde qu’il fallait mener. Ou pour être plus précis, continuer à mener, car depuis bien des années déjà, les Compagnons de St Joseph s’activaient et la ville, accompagnée par l’Etat et le département du Nord, avait déjà mené des travaux d’urgence, indispensables pour préserver le site.
L’extérieur de St Jospeh est sobre, voire austère, mais d’une grande élégance. Photo A. Gadeau / ville de Roubaix
Notre décision fut bien sûr de valider ces travaux (pour mémoire, les églises construites avant 1905 sont la propriété des villes dans lesquelles elles ont été bâties, d’où l’intervention nécessaire de la municipalité), notamment parce qu’il s’agissait de l’unique moment historique classé de la ville (les autres ne sont qu’inscrits, ce qui est moins prestigieux), et justement parce qu’un réel mouvement de sauvegarde s’était levé autour de cette église qu’il convenait de l’accompagner. Pendant les 7 années suivantes, le chemin fut long, tortueux, avec ses passages sublimes (le changement de clocher reste mémorable) et ses moments de doute, notamment concernant le travail sur les peintures. Pendant ces longues années, un gigantesque échafaudage fut présent dans l’église, et il a donné à ceux qui ont eu le privilège de l’escalader la possibilité de voir de très près la qualité des fresques et des peintures qui se situent aujourd’hui à plusieurs mètres du sol.
Pendant les travaux, les échafaudages ont permis de restaurer les décors peints et de les admirer à quelques centimètres de distance. Photo A. Gadeau / ville de Roubaix
C’était d’ailleurs la première impression qui m’a saisie en entrant dans le bâtiment ce matin, la disparition de l’échafaudage, la hauteur du site, la grandeur de la perspective, et bien sûr cet affolant décor peint qui parcourt l’ensemble de l’église.Pendant ces 7 ans, les bonnes volontés ont continué à œuvrer pour l’achèvement de ces travaux, et aux Compagnons de St Joseph s’est adjoint le Cercle des Mécènes, grâce à qui de substantiels compléments de travaux ont pu être financés, qui n’étaient pas prévus au programme d’origine.Bref, ce matin, 145 ans après son inauguration, c’était un peu une renaissance, une résurrection comme le disait Mgr Ulrich, et la cérémonie fut parfaite pour inscrire tous les participants dans ce temps long dont je parlais plus haut. Nous eûmes tous conscience que St Joseph pourrait à nouveau, pendant de longues années, accueillir les fidèles, les curieux, les touristes, les amateurs d’art sacré, et tous ceux dont le chemin croiserait cette « église des ouvriers » qui fait toujours aujourd’hui la fierté de la ville.
Symboliquement, l’adjoint au Maire en charge du Patrimoine, Frédéric Lefebvre, remet à l’évêque Mgr Ulrich les clés de l’église St Joseph. Photo La voix du nord.
A tous ceux qui s’intéressent un tant soit peu à la vie culturelle en France et à l’évolution des politiques culturelles, le long article que Frédéric Martel vient de publier sur le site de France Culture sur la politique culturelle de la ville de Grenoble, qui fait suite à un numéro de son émission Soft Power, et surtout à une longue enquête fouillée sur place, est chaudement recommandé.
Pourquoi Grenoble ? Parce que, suite à son élection surprise en 2014, l’écolo Eric Piolle avait affiché une vaste ambition de refondation de la politique culturelle de la ville, et assumait une volonté de se libérer des modèles classiques à la fois ambitieuse et intrigante. Où en est Grenoble 7 ans après ? La lecture de l’enquête de Frédéric Martel permettra à chacun de se faire un point de vue; et même si celui de l’auteur est assez clair, il est à remarquer qu’il laisse tous les points de vue s’exprimer de manière assez longue, et qu’il ne tire pas de conclusions définitives ou hâtives.
Rose Girl, Shepard Fairey, oeuvre monumentale réalisée à l’occasion du Street Art Fest de Grenoble. Photo StreetArtAvenue.
On remarquera déjà que les questions de gouvernance, de direction, d’organisation sont très présentes; ce qui correspond tout à fait à mon expérience en la matière, mais échappe souvent à ceux qui ne sont pas proches du sujet. Oui, le monde culturel est mouvant et complexe; sa gouvernance oblige souvent à associer de nombreux partenaires; les décisions exigent un consensus pas toujours évident à trouver. L’article rappelle bien que le solo d’une ville dans ce contexte peut très facilement avoir des effets pervers ou négatifs, ce qui n’a pas manqué de se produire à Grenoble.
Sicile, Nicolas de Staël, collection du Musée de Grenoble. Photo Jean-Luc Lacroix, Ville de Grenoble / Musée de Grenoble
On constate aussi que, loin d’être des outils fumeux ou des figures de style un peu superflues, les projets culturels des villes, des structures, des équipements, sont des outils majeurs pour orienter les actions, les décisions, et associer les partenaires pour leur réalisation. Des projets flous, changeants; ou des décisions non cohérentes ou arbitraires, laissent immanquablement des traces et peuvent paralyser durablement des équipements même en plein succès.
Fête des Tuiles 2019. Photo Ville de Grenoble.
Ce qui m’a surtout frappé, c’est à quel point les sujets de tension, de discussion, de débat, peuvent se retrouver dans ce qui anime et agite la vie culturelle métropolitaine et roubaisienne, avec bien sûr des situations très différentes, mais des enjeux bien communs. On remarquera par exemple les passages sur la place du street art, sur l’importance des bibliothèques, sur la création d’une parade (la Fête des Tuiles) pour essayer d’associer les habitants, sur la manière de rapprocher un musée des artistes et de la création locale, sur les débats et les points de vue parfois divergents entre une ville et la métropole, sur la manière d’associer un centre chorégraphique – ou un orchestre baroque – avec les habitants d’une ville, sur la confiance faite aux acteurs culturels ou la volonté de la ville de reprendre un main certains sujets.
Outwitting the devil, spectacle d’Akram Khan, au programme de la saison 20-21 de la MC2. Photo Jean-Louis Fernandez.
Et on s’accordera sur le paragraphe de conclusion de Frédéric Martel, qui rappelle à juste titre que « la valorisation des initiatives locales, la prise en compte de la pluralité des cultures, l’élargissement de l’accès, l’éducation artistique et le nécessaire renouvellement générationnel sont autant de pistes à remettre sur le chantier sans dogmatisme ».
Jean-Luc Biaulet était un collègue de travail il y a une quinzaine d’années. Avouons-le, pour créer Music Story en 2008, une start-up dédiée à l’origine aux bases de données musicales quand les plateformes de streaming démarraient à peine, il fallait une bonne d’inconscience, ou une sacrée confiance en soi, ou un énorme ras-le-bol, ou sans doute pas mal des trois !
12 ans après, le pari est plus que rempli; et dans cette causerie de la Plaine – l’excellente série de podcast animée par Laurent Tricart, le directeur innovation de la Plaine Images, il raconte la belle réussite de son entreprise, et à travers elle aussi les formidables mutations du monde de la musique depuis le début du siècle.
On apprend beaucoup de choses pendant cette demi-heure, on se rend compte que c’est un domaine d’une folle technicité, mais où l’amour ou la passion de la musique compte aussi; on est surpris de découvrir l’implantation géographique internationale déjà très aboutie de l’entreprise (Amérique du Sud, Asie, en plus des Etats-Unis et de l’Europe), et l’on se dit qu’il y a vraiment beaucoup de très belles aventures entrepreneuriales sur la métropole lilloise, merci à Laurent Tricart de nous les faire découvrir…
#MusicStory, c’est aussi un bel exemple de ce que peut être la MusicTech, la filière où se croisent musique et innovation technologique, et la Plaine Images a lancé un appel d’offres en janvier dernier pour que les pépites de ce secteur puissent s’incuber sur le territoire de Roubaix-Tourcoing. Bonne chance à elles !
(intervention au Conseil de la Métropole Européenne de Lille du 13 décembre 2019)
Bis repetita placent. Les choses répétées 2 fois plaisent.
Nous nous retrouvons donc ce soir, comme il y a 3 ans, ou comme il y a 13 ans comme le signalait Rudy Elegeest, pour délibérer sur l’éventuelle subvention à la prochaine édition de Lille3000.
Comme il y a 3 ans, les mêmes questions se posent.
Quel est le bilan de l’édition tout juste achevée ? L’impact sur la fréquentation touristique ? L’articulation avec Hello Lille ? L’apport au rayonnement culturel de la métropole ? Le gain pour l’attractivité du territoire ? Le positionnement et les performances par rapport aux autres grandes saisons culturelles françaises, au Voyage à Nantes, à Un été au Have, à Normandie impressionniste, à la Biennale de Lyon ? Nul ne le sait vraiment. Les seuls éléments communiqués sont la fréquentation, qui, en agglomérant aux expositions du Tri Postal les Foulées de Verlinghem, la Nuit des Piscines ou même les expositions du Louvre Lens, forment un total qui ne veut pas dire grand chose. On entend même maintenant parler de « chiffres à la Lille3000 » et d’une édition « Exagerado » !
La nuit des Piscines était aux couleurs d’Eldorado cette année.
Plus sérieusement, une étude des retombées de l’événement a bien été commanditée auprès du cabinet Gece; mais sa restitution aura lieu au 1er trimestre 2020, soit bien après notre vote de ce soir. N’est-ce pas mettre la charrue avant les boeufs ?
C’est pourquoi je formule un premier voeu, comme en 2016, qu’une commission de suivi et d’évaluation soit à nouveau formée. Mais que, contrairement à 2016, cette commission de suivi soit moins une chambre d’enregistrement ou de présentation promotionnelle par Lille3000, mais un réel lieu d’échanges, de débats et de questionnements entre élus, avec l’appui des services de la métropole.
Quelles sont les performances de Lille3000 par rapport à Normandie Impressionniste, par exemple ? Nul ne le sait vraiment.
Comme il y a 3 ans, les mêmes questions se posent : pour quoi au juste allons-nous voter ? Au delà d’un slogan, « Utopia », et d’orientations pleines de mystères et d’ambivalence, quels sont les axes principaux ? Les nouveautés thématiques ? Les événements marquants ? Le périmètre concerné ? Faut-il continuer à étirer jusqu’en décembre ? Les propositions estivales d’Eldorado ont-elles rencontré leur public ? Ces questions sont d’autant plus légitimes que, divine surprise, la subvention de la MEL passerait de 2,4 M€ à 3 M€. Elles sont rares, les manifestations culturelles qui voient leur subvention augmenter de 20%; on aimerait savoir pourquoi, ce qui rend cette augmentation si impérieuse ? Cela présage-t-il d’une mise à la diète de l’ensemble des autres associations culturelles ?
L’oeuvre d’Elsa Tomkowiak a enchanté les visiteurs du Parc Barbieux, bel exemple d’un essaimage métropolitain à développer
Je formule donc un 2ème voeu, en me réjouissant de cet appui renforcé de la métropole à cette opération. Le budget des opérations de Lille3000 ne représente pour les 89 communes de la MEL hors Lille que 15% du total, je suggère donc que les 600 k€ supplémentaires soient principalement consacrés à l’essaimage métropolitain. Cela serait une façon concrète de répondre à un certain nombre de critiques, parfois justifiées et parfois pas, sur le lillo-centrisme de l’événement.
Le Groupe Métropole Communes Unies votera donc majoritairement pour cette délibération et donc in fine pour cette manifestation, en formulant un 3ème voeu, qui je l’espère ne restera pas une utopie : que cette 7ème édition de Lille 3000 soit toujours plus participative, qu’elle assure toujours plus de rayonnement à notre territoire, qu’elle présente toujours plus d’innovation culturelle, et rassemble toujours plus d’habitants de notre métropole et de notre région.
L’Infinite Mirror Room de Yayoi Kusama au Tri Postal, une des oeuvres les plus marquantes de cette édition Eldorado (photo plusaunord.com)
C’est le privilège des stars, des vraies. Un simple « Vanessa » suffit à les identifier. Et parions que des (dizaines) de milliers de femmes nées dans les années 90 lui doivent aujourd’hui leur prénom…
Vanessa plutôt rock en début de spectacle
Bref, 26 ans (!) après son premier passage au Colisée, Vanessa Paradis était de retour sur la scène roubaisienne, qui était une fois de plus comble pour cette occasion; et c’est un vrai show de star auquel nous avons eu droit.
En 3 morceaux, les premiers rangs étaient déjà debout pour accompagner la chanteuse dans une rétrospective assez complète de sa carrière. Le groupe de musicien est soudé et versatile, mais c’est Vanessa Paradis qui fait le spectacle, et de belle manière. Elle bouge sur toute la scène, elle ondule, elle sourit, elle envoie des bises au ciel pour Serge Gainsbourg à la fin d’un très beau « Johnny Jane », elle se dévoile petit à petit; elle habite la scène et la salle d’une manière assez incroyable, sans jamais se départir d’un bout de timidité tellement charmant.
Vanessa se repose pendant un solo de guitare…
Musicalement, sa voix est plus affirmée que je ne l’aurais cru; et elle revisite avec bonheur ses titres plus ou moins récents. Si certains sont à mon goût un peu faibles, d’autres se révèlent sur scène (comme « La Seine » justement), et bien sûr ses titres du début sont mis à l’honneur de très belle manière, dans une sorte de karaoké géant comme sur Joe le Taxi (« c’est sa vie »!).
Une mention spéciale au medley Lenny Kravitz, où les 4 chansons enchaînées que je n’avais pas entendues depuis longtemps m’ont enthousiasmé et redonné envie d’écouter cet album au si grand succès à l’époque.
Espérons donc tous revoir « Vanessa » très bientôt sur cette scène. Un portrait d’elle à 20 ans en noir et blanc orne depuis des années les murs du Colisée; elle y est la bienvenue quand elle veut !
La Seine sur scène , ça donne ça :
et pour la bonne bouche, l’époque Lenny Kravitz c’était ça :
Je préside maintenant ce bureau de vote depuis bientôt 4 ans et pour le 6ème scrutin, et ce fut un plaisir ce dimanche de retrouver les électeurs, les assesseurs et les secrétaires de la mairie, comme une conversation interrompue qu’on reprend avec gourmandise, les enfants qu’on voit grandir, les mêmes électeurs présents un quart d’heure avant l’ouverture (et peut-être aussi les mêmes électeurs se présentant après la fermeture et s’étonnant une nouvelle fois que le bureau ferme à 18h…).
Quoi de neuf pour cet unique scrutin de 2019 ? Un objet d’abord : la trottinette ! C’est incontestablement le nouveau moyen de locomotion, et c’est avec une certaine surprise que j’ai constaté à quel point il était utilisé pour venir voter, seul, ou en famille; avec ou sans casque, aucun doute : la trottinette est entrée dans les mœurs roubaisiennes !
C’est aussi l’émotion, toujours renouvelée, des électeurs qui viennent voter pour la première fois et qui nous le disent avec appréhension et fierté à la fois. Ainsi, cette jeune femme d’une trentaine d’années, qui nous dit qu’en venant pour son premier vote, elle se sent « vraiment accueillie dans la nationalité française » et nous fait un grand sourire. Je dois avouer que le président du bureau a eu la chair de poule…
La cérémonie d’accueil dans citoyenneté française en mairie de Roubaix en 2018. Photo Nord-Eclair
Le bureau 112, c’est aussi Roubaix comme on l’aime, avec sa gouaille, sa diversité, sa bonne humeur, et l’on repense avec amusement à Malika et Yvonne, deux voisines déjà un peu âgées et avec quelques difficultés de déplacement, qui ironisent et se lancent des vannes sur celle qui mettra le plus de temps pour rentrer chez elle.
La diversité, c’est aussi ce très jeune électeur, d’à peine 18 ans, qui vient voter avec son père, un look gothique qu’on croyait passé de mode, et un vernis à ongles vert. Affirmer son identité, sa différence, envers et contre tout, c’est ça aussi Roubaix.
Photo Madmoizelle.com extraite du compte Instagram boysinpolish
Enfin, ce scrutin européen au bureau 112, c’est aussi 3 tables complètes de bulletins de vote, pour présenter les 34 listes, et un côté bingo un peu absurde lors du dépouillement, du genre « Jadot, numéro 20, 1 vote »…